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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 6
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Adam, Paul: Les Salons de 1896, [1], La sculpture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0481

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LES SALONS DE 1896

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il en est ainsi. La philosophie de son effort se complète. A côté de
visions de désespoir, le créateur nous montre la consolation de la
caresse. Léda s’abandonne au cygne. Elle a fermé les yeux, ses bras
amollis se laissent soulever par les fortes ailes. Elle penche les fruits
jumeaux de sa gorge de chaque côté du col onduleux qui serpente
vers son aisselle. Elle contient le dieu de volupté dans la tendresse
entière de son corps doux. La blancheur du marbre rend candide leur
loyale et mutuelle complaisance.

A la surface d'urnes ou de plats en étain, c’est la caresse de l’eau
enveloppant les nageuses, celle de corps humains s’enlaçant avec
précaution. C’est le mouvement languide, la tiédeur des enveloppe-
ments. De légères chevelures envolées flattent l’air. La délicatesse
d’un art protéon élève à peine le relief des formes aux flancs des vases.
11 passe là des idées diaphanes et flottantes. Le corps et l’eau se ma-
rient; l’aigle et Junon, le serpent et la femme, les cheveux et le vent.
Laissons-nous absorber par l’harmonie de la nature.

Elle, sans doute, consolera le regard de l’enfant dont M. Dampt
a taillé le buste.

L’exemple de Donatello n’est pas inopportun. La dureté de
certaines figures immortalisées par le Elorentin ne s’écarte pas de
celle que le sculpteur contemporain semble chérir.

Rien autre que la personnalité de l’être n’émane du buste d’en-
fant attentif qui regarde, devant lui, la venue du temps. Paisible et
volontaire sous son crâne vaste, il semble emmagasiner les sensa-
tions que lui vaut le passage des apparences, le déroulement des
images, l’émulation des faits. Comme si déjà un heurt de la lutte
s’était produit, le nez a subi un aplatissement. La bouche s’avance
afin de goûter la saveur des joies, moins avec le désir de profiter
qu avec celui de connaître. L’enfant s’arme contre la douleur pres-
sentie. Il paraît se munir de science et d’observation. H se défie. Il
se garde. Peu de choses le surprendront. La déception des ancêtres l’a
trop averti. Il sera le sage et le grave.

Par les moyens les plus simples, sans bravoure ni artifice,
M. Dampt nous donne cette belle image de générations nouvelles.
C’est une pierre nue, peu fouillée. Seule l’idée glissa contre la sur-
face, laissant une trace forte qui ne doit rien à 1 habileté de la main
ou à la finesse de l’outil. Le métier, d’ailleurs excellent, fut le ser-
viteur de l’intelligence.

Et puis, de ce buste nous ne cherchons pas le corps, tant il
apparaît que la vie tout entière sera cérébrale. La guenille obéira.
 
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