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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 6
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Tourneux, Maurice: Études d'iconographie française, 1, Un portrait apocryphe de Mme Geoffrin, faussement attribué à Chardin
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0498

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

gnation a frappé tous les yeux ». En môme temps, M. Georges Lafe-
nestre avait, dans Y Inventaire des richesses d'art, cru reconnaître ici
la main de « l'un des van Loo, » adoptant ainsi, sans la formuler en
termes aussi précis que son premier partisan, l’opinion de Clément
de Ris, qui avait évoqué devant ce portrait le souvenir de ceux de
Michel van Loo au Musée de Madrid. Néanmoins, dans la plus
récente édition du catalogue du musée Fabre (1890), M. Ernest
Michel, tout en maintenant le portrait au nom de Chardin, reconnaît
que « quelques amateurs l’attribuent avec plus de raison à l’un des
van Loo » et ajoute que M. le marquis d’Estampes possède deux
portraits de Mme Geoîfrin, peints, l’un en 1738 par Nattier, l’autre en
1777 par Le Barbier ; or ce second portrait « rappelle assez celui-ci1».

La vérité est que le portrait du Musée de Montpellier a été peint
en 1711, et non en 1777, par Jacques-André-Joseph Aved, et non par
Chardin ou par Lun des van Loo, et qu’il représente non pas
Mm0 Geoîfrin, mais Mrac Marguerite Crozat, femme d’Antoine Crozat,
dit le Riche ; pour arriver à cette constatation, il suffisait de consulter
le livret de 1741 et l’unique critique imprimée isolément qui nous en
soit parvenue.

Que dit le livret? « N° 83. Un grand tableau, représentant le
portrait de M. de Polinchove, premier président au Parlement de
Flandres... N°8G. Autre, représentant Mme Croisât (sic), qui travaille
à la tapisserie. »

L’argument est mince, me dira-t-on : pour dissiper toute équi-
voque, ouvrez, à la page 19, la Lettre à M. de Poiresson-Chamarande,
lieutenant-général au bailliage et siège présidial de Chaumont en
Bassigny, au stijet des tableaux exposés au Louvre, datée de
Paris, o septembre 1741, et extraite du tome XI des Amusements du
cœur et de l’esprit (in-12, 4G p.), dont l’auteur inconnu a, comme
s’il eût pressenti nos curiosités futures, imprimé en italiques les
parties essentielles de sa description.

« En baissant les yeux, on les porte sur trois portraits de la
façon de M. Aved, entre lesquels celui de Mm0 Croisât (sic) fait la plus

1. Je n'ai pas vu ces portraits et ne saurais me prononcer sur la ressemblance
que notait M. Ernest Michel, mais la date alléguée pour celui de Le Barbier me
paraît fort sujette à caution, car c’est précisément en 1777 que mourut Mmo Geof-
frin, dont les facultés mentales étaient depuis plusieurs années fort affaiblies.
Mmo de la Ferté-lmbault aurait-elle attendu que sa mère fût arrivée à la der-
nière période de sa décrépitude pour la faire peindre, ou l’artiste aurait-il tra-
vaillé de souvenir?
 
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