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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 15.1896

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Nr. 6
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Gauthiez, Pierre: La Renaissance italienne et son historien français, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.24681#0521

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496

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

due des ouvrages qui aident à la connaître, augmenteraient encore
l’espèce de vertige que donne à tous, hormis aux débutants, une
période vaste et féconde de l’histoire humaine. A mesure qu’on a
mieux exploré les siècles où elle se circonscrit, et surtout si l'on
s’est, par aventure, attardé devant un ensemble de faits, devant
un personnage, on sait mieux quelles doivent être les lois de la
recherche, avec quelle prudence et même quelle timidité constante
il convient de parler, de prouver, de conclure. On admire les maî-
tres qui, partis avant nous ou marchant d’un pied plus sur, sont
parvenus au sommet d’où l’on enferme sous son regard la vue d’en-
semble ; on les envie de pouvoir prononcer les paroles décisives. Et,
puisqu’il faut parler aussi, la seule pensée qui nous puisse donner
confiance, c’est de parler d’après eux.

Je ne sais presque rien des débuts scientifiques de M. Eugène
Müntz, sinon ce que savent tous les lecteurs de la Gazette, des pé-
riodiques et des livres savants, depuis 1869. Les hommes de mon âge
ne l’ont connu que déjà dans la pleine lumière d’un succès légitime,
conservateur à l’École dos Beaux-Arts et suppléant de Taine dans la
chaire où le professeur lui-même avait marqué sa place, enfin
membre de l’Institut. Mais, de ces premières années qui m’échappent,
je me forme une image peut-être inexacte, sûrement logique. Je devi-
nerais, à la précoce vigueur de ses recherches, qu’il fit des études
plutôt personnelles qu’officielles, quitte à hésiter quelque temps
entre plusieurs voies ; qu’il a connu de près la vie, car il appartient
à cette génération plus sérieuse, plus inquiète et plus portée vers la
réalité des faits, plus pénétrée de l’importance qu’il faut attacher
aux études scientifiques : la génération dont la guerre et les années
qui l’ont suivie ou précédée immédiatement marquèrent l’avènement
en France. Puis ce serait Rome, l’école des bibliothèques, des ar-
chives et des musées, l’existence familière avec les artistes et l’ivresse
des textes, une fois la voie découverte ; mais les textes étudiés auprès
des monuments. Enfin, à travers les voyages, les retours en Italie,
pendant que la série des monographies préparatoires s’accumulait,
la carrière se continuant à Paris par des fonctions qui maintenaient
l’écrivain dans la sphère des arts, et surtout de l’art italien, qu'il
préférait, au milieu des dessins, des copies, des moulages, des
estampes et des livres qu’il classe et ordonne; toujours cette heu-
reuse union de l’étude par le texte et par le monument ; une crois-
sante autorité, et bientôt, de l’aveu même qui échappait aux Italiens,
une compétence unique.
 
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