UN NOUVEAU MUSÉE AU LOUVRE
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genre; elles sont exposées en public et nous n’apprendrions rien en
les décrivant.
Il y aurait également à choisir dans les palais nationaux
quelques meubles précieux, qu'il serait facile de remplacer par
d autres moins importants. Mais on s’y butterait, dès le premier pas,
contre un esprit étroit de clocher, qui oublie que ces pièces d’ameu-
blement sont une propriété nationale et qu’elles n’appartiennent pas
aux villes où elles ont été envoyées; que, pour la plupart, elles sont
étrangères à la décoration primitive du château qui les contient
actuellement ; et qu'enfm les palais nationaux absorbent chaque
année des sommes importantes pour leur entretien, dont les villes
de Compiègne, de Fontainebleau et de Versailles recueillent seules
les bénéfices, tandis que ces dépenses sont supportées par la France
entière U
L’Etat possède, nous le voyons, un véritable musée inconnu dont
les éléments sont dispersés, et qu’il suffirait d’un acte de volonté
pour constituer. Cette concentration ne se ferait pas sans résistances ;
les administrateurs sont trop partisans du statu quo traditionnel
pour abandonner bénévolement ce qui ne leur sert à rien et qu’ils
négligent. Mais nous sommes sans inquiétudes sur l’avenir, mainte-
nant que FalTaire est engagée et qu’elle a reçu un commencement
d’exécution. L’opinion publique, qui se préoccupe de cette question
depuis de longues années, provoquera un mouvement décisif et
obtiendra gain de cause. Rien ne pourra y aider plus sûrement que
les superbes spécimens dont le Louvre vient de s’enrichir et qui
feront souhaiter impatiemment l’adjonction d’autres pièces do valeur
à venir. Nous sommes loin du temps où les beaux meubles n’étaient
considérés que comme les accessoires d’une collection, et nous voyons
les œuvres deBoulle, de Gresscnt, de Riesener, les bronzes des Caffieri
et de Gouthière atteindre les prix des tableaux des grands maîtres.
C’est qu’après un long dédain injustifié, on a reconnu que nulle part
l’esprit français des deux derniers siècles n’avait mieux montré ses
qualités de grâce aimable et de pondération originale que dans l art
de la décoration somptuaire.
Il y a bien à faire encore pour convaincre les pouvoirs dirigeants
que l’art est l’une des sources les plus fécondes de la fortune de notre
pays, et que l’industrie française, placée dans des conditions infé-
1 II faut ajouter que le Louvre pourrait encore s’enrichir de groupes et de
ligures de bronze placés à Trianon dans des salles où le public n’est pas admis.
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genre; elles sont exposées en public et nous n’apprendrions rien en
les décrivant.
Il y aurait également à choisir dans les palais nationaux
quelques meubles précieux, qu'il serait facile de remplacer par
d autres moins importants. Mais on s’y butterait, dès le premier pas,
contre un esprit étroit de clocher, qui oublie que ces pièces d’ameu-
blement sont une propriété nationale et qu’elles n’appartiennent pas
aux villes où elles ont été envoyées; que, pour la plupart, elles sont
étrangères à la décoration primitive du château qui les contient
actuellement ; et qu'enfm les palais nationaux absorbent chaque
année des sommes importantes pour leur entretien, dont les villes
de Compiègne, de Fontainebleau et de Versailles recueillent seules
les bénéfices, tandis que ces dépenses sont supportées par la France
entière U
L’Etat possède, nous le voyons, un véritable musée inconnu dont
les éléments sont dispersés, et qu’il suffirait d’un acte de volonté
pour constituer. Cette concentration ne se ferait pas sans résistances ;
les administrateurs sont trop partisans du statu quo traditionnel
pour abandonner bénévolement ce qui ne leur sert à rien et qu’ils
négligent. Mais nous sommes sans inquiétudes sur l’avenir, mainte-
nant que FalTaire est engagée et qu’elle a reçu un commencement
d’exécution. L’opinion publique, qui se préoccupe de cette question
depuis de longues années, provoquera un mouvement décisif et
obtiendra gain de cause. Rien ne pourra y aider plus sûrement que
les superbes spécimens dont le Louvre vient de s’enrichir et qui
feront souhaiter impatiemment l’adjonction d’autres pièces do valeur
à venir. Nous sommes loin du temps où les beaux meubles n’étaient
considérés que comme les accessoires d’une collection, et nous voyons
les œuvres deBoulle, de Gresscnt, de Riesener, les bronzes des Caffieri
et de Gouthière atteindre les prix des tableaux des grands maîtres.
C’est qu’après un long dédain injustifié, on a reconnu que nulle part
l’esprit français des deux derniers siècles n’avait mieux montré ses
qualités de grâce aimable et de pondération originale que dans l art
de la décoration somptuaire.
Il y a bien à faire encore pour convaincre les pouvoirs dirigeants
que l’art est l’une des sources les plus fécondes de la fortune de notre
pays, et que l’industrie française, placée dans des conditions infé-
1 II faut ajouter que le Louvre pourrait encore s’enrichir de groupes et de
ligures de bronze placés à Trianon dans des salles où le public n’est pas admis.