S26
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Nous ne parlerons pas des Trois Grâces, ni de la Vierge de la maison d’Orléans.
Elles sont universellement connues. L’historien de Raphaël s’est étendu longue-
ment et avec sa compétence habituelle sur l’histoire et la signification de ces
œuvres célèbres.
Le portrait d’Odet de Coligny, malgré la signature du Primatice, évoque l'idée
d’une œuvre française. Il y a là une remarque intéressante à faire sur l’influence
que le milieu exerce sur l’artiste. Les peintres de l’école de Fontainebleau,
malgré leur origine et leur éducation italienne, ont subi le charme de la délica-
tesse française et leur talent en est demeuré visiblement imprégné.
Une autre curiosité de la galerie de Chantilly est le portrait du Grand Condé,
par D. Téniers. Le peintre des « magots » portraiturant le vainqueur de Rocroy,
la rencontre est originale. Mais il en reste l’impression que l’ami des tabagies
hollandaises n'était décidément pas né pour la grande peinture.
Le portrait du duc de Chartres, par Reynolds, est au contraire une œuvre de
fière allure ; celui de François Ior, empereur d’Autriche, par Thomas Lawrence,
possède également ces qualités d’exécution très fine, dans un style très large, qui
sont la caractéristique de l’école anglaise.
M. Gruyer, dans les notices qu’il a consacrées à chacun de ces tableaux, n’a
pas eu l’ambition de tout apprendre aux érudits. Mais, comme il le dit lui-même,
son but a été de rendre intéressant pour tous un travail qui semble ne s’adresser
qu’à quelques-uns. Il y a réussi. Il a condensé, soif en quelques lignes, soit en
quelques pages, tout ce que l’histoire de l’art, en son état actuel, lui a fourni de
renseignements, et il a ainsi constitué un livre de précieuse utilité, non seule-
ment pour les visiteurs de Chantilly, mais encore pour tous ceux qui aiment
l’art ancien. Qu’il nous soit permis, seulement, de formuler un vœu : c’est que
le volume suivant, consacré à l’école française, soit enrichi de reproductions
aussi nombreuses que possible. La photographie d’un tableau est, de tous les
documents qui le concernent, le plus probant, le plus valable; il forme le com-
mentaire le plus éloquent de la description qui en est faite et, en même temps,
l’éclaircissement le plus net des discussions qui peuvent être instituées sur son
origine ou sa valeur artistique.
DIJON
Monuments et Souvenirs, par Henri Chabeuf1.
L’érudition provinciale, dont la dernière réunion des Sociétés savantes vient
de donner de nouveaux et importants témoignages, produit des œuvres qui, outre
leur valeur documentaire, parfois considérable, ont une originalité particulière.
L’amour de la petite patrie, de la province ou de la ville où elles sont nées leur
donne une saveur ou leur communique une émotion qui sont absentes des
ouvrages de l'érudition parisienne, plus cosmopolite, c’est-à-dire plus indiffé-
rente.
M. Henri Chabeuf s’est consacré à la glorification de l’art bourguignon à
f. Dijon, Damidot, 1894. Grand in-4° ill.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Nous ne parlerons pas des Trois Grâces, ni de la Vierge de la maison d’Orléans.
Elles sont universellement connues. L’historien de Raphaël s’est étendu longue-
ment et avec sa compétence habituelle sur l’histoire et la signification de ces
œuvres célèbres.
Le portrait d’Odet de Coligny, malgré la signature du Primatice, évoque l'idée
d’une œuvre française. Il y a là une remarque intéressante à faire sur l’influence
que le milieu exerce sur l’artiste. Les peintres de l’école de Fontainebleau,
malgré leur origine et leur éducation italienne, ont subi le charme de la délica-
tesse française et leur talent en est demeuré visiblement imprégné.
Une autre curiosité de la galerie de Chantilly est le portrait du Grand Condé,
par D. Téniers. Le peintre des « magots » portraiturant le vainqueur de Rocroy,
la rencontre est originale. Mais il en reste l’impression que l’ami des tabagies
hollandaises n'était décidément pas né pour la grande peinture.
Le portrait du duc de Chartres, par Reynolds, est au contraire une œuvre de
fière allure ; celui de François Ior, empereur d’Autriche, par Thomas Lawrence,
possède également ces qualités d’exécution très fine, dans un style très large, qui
sont la caractéristique de l’école anglaise.
M. Gruyer, dans les notices qu’il a consacrées à chacun de ces tableaux, n’a
pas eu l’ambition de tout apprendre aux érudits. Mais, comme il le dit lui-même,
son but a été de rendre intéressant pour tous un travail qui semble ne s’adresser
qu’à quelques-uns. Il y a réussi. Il a condensé, soif en quelques lignes, soit en
quelques pages, tout ce que l’histoire de l’art, en son état actuel, lui a fourni de
renseignements, et il a ainsi constitué un livre de précieuse utilité, non seule-
ment pour les visiteurs de Chantilly, mais encore pour tous ceux qui aiment
l’art ancien. Qu’il nous soit permis, seulement, de formuler un vœu : c’est que
le volume suivant, consacré à l’école française, soit enrichi de reproductions
aussi nombreuses que possible. La photographie d’un tableau est, de tous les
documents qui le concernent, le plus probant, le plus valable; il forme le com-
mentaire le plus éloquent de la description qui en est faite et, en même temps,
l’éclaircissement le plus net des discussions qui peuvent être instituées sur son
origine ou sa valeur artistique.
DIJON
Monuments et Souvenirs, par Henri Chabeuf1.
L’érudition provinciale, dont la dernière réunion des Sociétés savantes vient
de donner de nouveaux et importants témoignages, produit des œuvres qui, outre
leur valeur documentaire, parfois considérable, ont une originalité particulière.
L’amour de la petite patrie, de la province ou de la ville où elles sont nées leur
donne une saveur ou leur communique une émotion qui sont absentes des
ouvrages de l'érudition parisienne, plus cosmopolite, c’est-à-dire plus indiffé-
rente.
M. Henri Chabeuf s’est consacré à la glorification de l’art bourguignon à
f. Dijon, Damidot, 1894. Grand in-4° ill.