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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Fidière, Octave: Alexandre Roslin, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0055
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ALEXANDRE ROSLIN

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L’existence vagabonde que menait l’artiste, si elle avait pu être
profitable à son talent, ne l’avait pas enrichi. Les commandes avaient
été rares et peu lucratives; une certaine duchesse de Calabrette,
dont il avait fait le portrait à Naples, avait même refusé de le payer.
En dehors de cette peinture, il n’est fait mention, dans le manuscrit
auquel j’emprunte ces détails1, que d’un portrait du marquis de
l’Hôpital, ambassadeur de France près la cour de Naples. Roslin fut
plus heureux avec ce dernier qui le recommanda chaudement, au
cours d’un de ses voyages, à l’infant qui régnait à Parme. Quand il
arriva dans cette ville, il avait épuisé ses dernières ressources. L’ar-
tiste, qui déjà connaissait le cœur humain et savait que la pauvreté
est toujours une mauvaise recommandation, fit d’héroïques efforts
pour dissimuler sa détresse. Le succès, heureusement, récompensa
son courage, et les commandes arrivèrent nombreuses. En 1752, il
put quitter l'Italie, ses dettes payées, et ayant en poche de quoi
attendre la gloire...

Il est probable que., pendant ce séjour de dix années en Alle-
magne et en Italie, Roslin exécuta de nombreux portraits. Nous
avons cependant feuilleté les catalogues de la plupart des musées de
Ravière et d’Italie sans y trouver le nom de l’artiste. Seule, la ga-
lerie des Uffizzi possède un portrait de Roslin par lui-même; mais
ce n’est, pas celui que l’artiste peignit pour ce musée. Il porte la date
de 1790 et fut donné au musée par Roslin en échange du premier,
qu’il regardait comme une œuvre de jeunesse indigne de sa répu-
tation2.

On sait quelle sorte de fascination exerçait alors sur les esprits
la capitale de la France. Paris était le centre intellectuel et artistique
par excellence, et c’était là, mieux qu’en aucune ville d’Europe,
qu’un jeune homme de bonne mine pouvait espérer un de ces coups
de fortune qui d’un pauvre cadet font un riche et puissant person-
nage. Les étrangers y étaient bien accueillis, et en particulier les
Suédois, qu’unissaient alors à la France de très étroites relations
diplomatiques. Nombreux furent, vers la tin du xvme siècle, les
Suédois qui passèrent à Paris la plus grande partie de leur vie et
n’eurent pas à s’en repentir; tels furent, pour ne citer que les plus
connus, le comte de Stedingk qui, après avoir brillé à la cour de

1. Cette notice, qui a été conservée par les descendants du peintre, a été
rédigée par Mme Carteron de Barmont, sa fille cadette. Elle a pour titre : Mémoires
historiques, ou histoire abrégée et faits intéressants de la vie de M. Roslin.

2. Voir Nouvelles Archives de l’Art français, 1876, p. 393.
 
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