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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Parmi les dessins reproduits dans les deux volumes publiés par
de Jullienne, il en est quelques autres qui décèlent la même manière
encore un peu hésitante et superficielle. Ce sont à coup sûr des études
de débutant, exécutées à une époque où Watteau n’avait pas acquis
son interprétation large et puissante.
Il faut s’arrêter surtout aux Figures de modes. Watteau a essayé
ici de tracer un recueil de modèles d’habillements conformes au
goût du jour et dans le genre de ceux où s’ôtait exercé notre ingé-
nieux artiste. L’eau-forte de la Femme assise semble directement
inspirée de Gillot.
Watteau a aussi rappelé la touche de son maître dans maintes
esquisses de décoration. Regardez les Arabesques ; examinez ces
sujets, les Jardins de Cythère, la Fête bachique, le Temple de Diane,
le Berceau. Dans les pastorales retracées par Watteau, dans les
sujets de chasse qu’il a traités, vous voyez passer le peuple d’ani-
maux, singes, lévriers, écureuils, que Gillot a fait gambader dans
les dessins du Livre des Portières. Les satyres et les faunes ont
également repris leurs jeux fantasques dans les panneaux de
Watteau.
Gomme peintre, l’auteur de XEmbarquement pour Cythère a
conservé des réminiscences du faire et du coloris de Gillot dans plus
d’une composition, dans L’Amour au Théâtre Français, dans L'Amour
au Théâtre Italien, qu’on retrouve aujourd’hui au musée de Berlin.
Il imite aussi de très près notre artiste dans les Fêtes au dieu Pan,
sujet pastoral, sujet de fantaisie, parodie de comédie héroïque,
où, à côté d'Arlequin, du Docteur et de quelques autres person-
nages, se voit l’aimable et capricieuse tribu des faunes et des fau-
nesses 2.
Nous remarquons l’influence de Gillot dans un tableau qui doit
dater des débuts de Watteau : la Signature du contrat de la noce de
village, faisant partie de la galerie du prince d’Arenberg, à Bruxelles.
Bürger, qui a décrit cette toile, peuplée de nombreux personnages,
y découvre avec raison « l’influence des improvisateurs de panneaux
décoratifs, dans les femmelettes un peu poupées d’éventail, dans
L Nous avons vu récemment une curieuse et délicate variante d’un des
tableaux du musée de Berlin, L'Amour au Théâtre Français, chez un amateur,
M. Roussel, à Chatou. Dans cette peinture qu'on peut rapprocher d’une œuvre
bien connue, nous remarquons aussi le bleuissement des fonds, la finesse du
coloris, la lluidité de l’exécution, qui révèlent l’éducation reçue par Watteau
dans l’atelier de Claude Gillot.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Parmi les dessins reproduits dans les deux volumes publiés par
de Jullienne, il en est quelques autres qui décèlent la même manière
encore un peu hésitante et superficielle. Ce sont à coup sûr des études
de débutant, exécutées à une époque où Watteau n’avait pas acquis
son interprétation large et puissante.
Il faut s’arrêter surtout aux Figures de modes. Watteau a essayé
ici de tracer un recueil de modèles d’habillements conformes au
goût du jour et dans le genre de ceux où s’ôtait exercé notre ingé-
nieux artiste. L’eau-forte de la Femme assise semble directement
inspirée de Gillot.
Watteau a aussi rappelé la touche de son maître dans maintes
esquisses de décoration. Regardez les Arabesques ; examinez ces
sujets, les Jardins de Cythère, la Fête bachique, le Temple de Diane,
le Berceau. Dans les pastorales retracées par Watteau, dans les
sujets de chasse qu’il a traités, vous voyez passer le peuple d’ani-
maux, singes, lévriers, écureuils, que Gillot a fait gambader dans
les dessins du Livre des Portières. Les satyres et les faunes ont
également repris leurs jeux fantasques dans les panneaux de
Watteau.
Gomme peintre, l’auteur de XEmbarquement pour Cythère a
conservé des réminiscences du faire et du coloris de Gillot dans plus
d’une composition, dans L’Amour au Théâtre Français, dans L'Amour
au Théâtre Italien, qu’on retrouve aujourd’hui au musée de Berlin.
Il imite aussi de très près notre artiste dans les Fêtes au dieu Pan,
sujet pastoral, sujet de fantaisie, parodie de comédie héroïque,
où, à côté d'Arlequin, du Docteur et de quelques autres person-
nages, se voit l’aimable et capricieuse tribu des faunes et des fau-
nesses 2.
Nous remarquons l’influence de Gillot dans un tableau qui doit
dater des débuts de Watteau : la Signature du contrat de la noce de
village, faisant partie de la galerie du prince d’Arenberg, à Bruxelles.
Bürger, qui a décrit cette toile, peuplée de nombreux personnages,
y découvre avec raison « l’influence des improvisateurs de panneaux
décoratifs, dans les femmelettes un peu poupées d’éventail, dans
L Nous avons vu récemment une curieuse et délicate variante d’un des
tableaux du musée de Berlin, L'Amour au Théâtre Français, chez un amateur,
M. Roussel, à Chatou. Dans cette peinture qu'on peut rapprocher d’une œuvre
bien connue, nous remarquons aussi le bleuissement des fonds, la finesse du
coloris, la lluidité de l’exécution, qui révèlent l’éducation reçue par Watteau
dans l’atelier de Claude Gillot.