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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
GROS TOURNOIS DE SAINT LOUIS (APRÈS 1254)
dossier, avec pinacles et floches pyramidales ; Ton plaça au-dessus de
la tête du roi un dais d’architecture ou encore un pavillon. Sur
d’autres pièces, le roi se présente debout, soit en costume d’apparat
avec le manteau royal, soit
en costume militaire, sous
une arcade flanquée de con-
treforts, soit encore achevai
et armé de toutes pièces.
Ces figurines, largement
dessinées, par masses, sans
que le détail nuise à l’en-
semble, en des poses naturelles, d’un relief peu accentué, paraissent
avoir été modelées au vif. Elles suffiraient à témoigner, si les minia-
tures, les ivoires, l’orfèvrerie ne nous en offraient d’autres preuves,
de l’étude directe de la nature par les artistes du xive siècle et de
leur connaissance approfondie des procédés du dessin.
L’effigie royale cède quelquefois la place à une image pieuse :
l’Agneau divin, la Salutation angélique, saint Michel terrassant le
dragon. L’archange, protecteur de la France, paraît sur une mon-
naie de Philippe VI de Valois et sur une autre de Louis XL La com-
paraison entre ces deux œuvres, séparées par un intervalle de plus
d’un siècle, permet de mesurer les changements survenus entre
temps dans la conception religieuse et artistique. L’archange de Phi-
lippe de Valois est un personnage divin qui, sans cuirasse ni bou-
clier, delà seule croix, terrasse sans effort le monstre diabolique;
sa pose est ferme et tranquille. L’archange, au temps de Louis XI,
est descendu du ciel sur la terre; il a pris l’habit guerrier; pour
vaincre le dragon il est obligé aux mêmes efforts qu’un homme.
L’antropomorphisme a fait des progrès ; d’idéaliste, l’art est devenu
réaliste.
Au xve siècle, nous voyons paraître des monnaies qui, par
leur module comme par leur type, forment la transition des mon-
naies aux médailles proprement dites : pour n’en citer qu’une, la
monnaie d’or que fit frapper Charles, duc de Guyenne, frère de
Louis XI, et sur laquelle il est représenté armé de pied en cap et
terrassant un lion dont il ouvre la gueule de ses deux mains. Les
plus anciennes médailles commémoratives frappées en France, pour
célébrer l’expulsion des Anglais du royaume, ne sont aussi que des
multiples des monnaies d’or. Elles furent faites, comme le dit un
vieil auteur, « en façon de monnaie ».
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
GROS TOURNOIS DE SAINT LOUIS (APRÈS 1254)
dossier, avec pinacles et floches pyramidales ; Ton plaça au-dessus de
la tête du roi un dais d’architecture ou encore un pavillon. Sur
d’autres pièces, le roi se présente debout, soit en costume d’apparat
avec le manteau royal, soit
en costume militaire, sous
une arcade flanquée de con-
treforts, soit encore achevai
et armé de toutes pièces.
Ces figurines, largement
dessinées, par masses, sans
que le détail nuise à l’en-
semble, en des poses naturelles, d’un relief peu accentué, paraissent
avoir été modelées au vif. Elles suffiraient à témoigner, si les minia-
tures, les ivoires, l’orfèvrerie ne nous en offraient d’autres preuves,
de l’étude directe de la nature par les artistes du xive siècle et de
leur connaissance approfondie des procédés du dessin.
L’effigie royale cède quelquefois la place à une image pieuse :
l’Agneau divin, la Salutation angélique, saint Michel terrassant le
dragon. L’archange, protecteur de la France, paraît sur une mon-
naie de Philippe VI de Valois et sur une autre de Louis XL La com-
paraison entre ces deux œuvres, séparées par un intervalle de plus
d’un siècle, permet de mesurer les changements survenus entre
temps dans la conception religieuse et artistique. L’archange de Phi-
lippe de Valois est un personnage divin qui, sans cuirasse ni bou-
clier, delà seule croix, terrasse sans effort le monstre diabolique;
sa pose est ferme et tranquille. L’archange, au temps de Louis XI,
est descendu du ciel sur la terre; il a pris l’habit guerrier; pour
vaincre le dragon il est obligé aux mêmes efforts qu’un homme.
L’antropomorphisme a fait des progrès ; d’idéaliste, l’art est devenu
réaliste.
Au xve siècle, nous voyons paraître des monnaies qui, par
leur module comme par leur type, forment la transition des mon-
naies aux médailles proprement dites : pour n’en citer qu’une, la
monnaie d’or que fit frapper Charles, duc de Guyenne, frère de
Louis XI, et sur laquelle il est représenté armé de pied en cap et
terrassant un lion dont il ouvre la gueule de ses deux mains. Les
plus anciennes médailles commémoratives frappées en France, pour
célébrer l’expulsion des Anglais du royaume, ne sont aussi que des
multiples des monnaies d’or. Elles furent faites, comme le dit un
vieil auteur, « en façon de monnaie ».