Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 24.1900)

LE LIVRE

A PROPOS D’UNE ÉDITION D’ART DE LA « PRIÈRE SUR L’ACROPOLE >>

g Depuis quelques années, tandis que, en architecture, en

décoration, dans le meuble, les artistes rénovaient l’art appliqué
par la subordination de leur originalité personnelle aux doux
principes primordiaux qui veulent que tout organe nécessaire
soit manifesté décorativement et que la matière soit respectée,
le livre seul s’est cantonné dans les errements qui ont placé
les éditeurs français de ce dernier quart de siècle au niveau
très inférieur qu’a révélé l’Exposition internationale du Livre,

Les Anglais, notamment, sous l’énergique impulsion de
Ruskin et de ,William Morris, avaient fait un violent retour en arrière et voulu
sa renaissance par le manuscrit, en remontant jusqu’au xe siècle. Mais, si le
désir de redevenir primitifs a parfois entravé l’imagination de nos voisins et
limité leur initiative, ils n’en ont pas moins remis en vigueur les lois fonda-
mentales du livre : l’emploi exclusif de la gravure sur bois pour l’illustration, et
la recherche d’une typographie robuste et claire, dont l’anatomie <c serait dans
la lettre que dessinait jadis le roseau du scribe1 ».

Ces lois, reconnaissons-le, n’étaient point toutes inconnues en France. Le

1. MM. Ch. Ricketts et Lucien Pissarro, De la Typographie et de l’Harmonie de la
page imprimée, Londres, 1898, parlent (p. 8) « de l’épurement des formes sur les données
ancestrales des x“ et xi° siècles, les ancêtres de toutes les écritures... »,