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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
le dos desquels s’arquent deux dragons ou basilics en guise d’anses.
Le costume du cavalier de la collection Martin Le Roy, dans le
harnachement duquel se voit le mélange des plates et de la chemise
de mailles, dénote la fin du xin° siècle. Il tient d’une main l’épée
large bien caractéristique et, de l’autre, l’écu en pointe, relevé en son
centre d’un umbo saillant. Le heaume, qui s’ouvrait à charnière et
formait le couvercle de l’aiguière, a malheureusement disparu. lien
est de môme d’une autre pièce, d’une époque un peu postérieure,
appartenant à M. Bardac : ici le cavalier porte la longue cotte
d’armes flottante, des gants à manchettes et des poulaines qui ne
peuvent plus guère appartenir au xiiic siècle.
D’une superbe allure, très crâne sur sa monture dont les reins
se cambrent, est le cavalier armé de pied en cap, la tête dispa-
raissant totalement sous le heaume à haut cimier, qui appartient au
baron Oppenheim. Malgré l’incertitude du modelé, malgré la fla-
grante incorrection des formes, l’on sent que le dinandier de l’époque
des premiers Valois, qui n’était certes pas un sculpteur, a cherché à
donner à son personnage un haut et puissant caractère, et l’on doit
reconnaître qu’avec des erreurs dont certaines servent à accuser ses
intentions, il y est pleinement arrivé. Tout autre est l’impression
que nous apporte un second cheval de bronze, appartenant à M. Cha-
brières-Arlès. Est-ce un homme qu’il faut voir en ce personnage
coiffé d’un petit calot et dont les cheveux longs pendent sur son cou,
entremêlés de bandelettes? Serait-ce une femme que nous voyons
ainsi vêtue de fer sous sa cotte flottante, les pieds chaussés de pou-
laines armées d’éperons, l’épée au côté, le faucon au poing, et plantée
à califourchon sur un haut cheval? Dans l’incertitude où il nous
faut rester, admettons que c’est un page, et admirons sa jeune, hère
et hautaine allure.
De la même collection, c’est plutôt une fontaine de tahle qu’un
aquamanile proprement dit ce petit groupe qui nous montre la
jeune maîtresse d’Alexandre assise sur le dos d’Aristote, chevau-
chant à quatre pattes. L’histoire est trop présente à tous les souve-
nirs, elle a trop souvent servi de sujet à la sculpture, à la dinanderie
aussi — car la collection Spitzer possédait un groupe analogue, éga-
lement du xiv0 siècle, —- pour que nous la rappelions une fois encore.
Peut-être est-il regrettable que ce thème ne soit pas repris par la
chaudronnerie contemporaine : ce serait là un joli et instructif cadeau
à faire à un mari.
Enfin, l’on a cru reconnaître Louis XI dans une petite figure de
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
le dos desquels s’arquent deux dragons ou basilics en guise d’anses.
Le costume du cavalier de la collection Martin Le Roy, dans le
harnachement duquel se voit le mélange des plates et de la chemise
de mailles, dénote la fin du xin° siècle. Il tient d’une main l’épée
large bien caractéristique et, de l’autre, l’écu en pointe, relevé en son
centre d’un umbo saillant. Le heaume, qui s’ouvrait à charnière et
formait le couvercle de l’aiguière, a malheureusement disparu. lien
est de môme d’une autre pièce, d’une époque un peu postérieure,
appartenant à M. Bardac : ici le cavalier porte la longue cotte
d’armes flottante, des gants à manchettes et des poulaines qui ne
peuvent plus guère appartenir au xiiic siècle.
D’une superbe allure, très crâne sur sa monture dont les reins
se cambrent, est le cavalier armé de pied en cap, la tête dispa-
raissant totalement sous le heaume à haut cimier, qui appartient au
baron Oppenheim. Malgré l’incertitude du modelé, malgré la fla-
grante incorrection des formes, l’on sent que le dinandier de l’époque
des premiers Valois, qui n’était certes pas un sculpteur, a cherché à
donner à son personnage un haut et puissant caractère, et l’on doit
reconnaître qu’avec des erreurs dont certaines servent à accuser ses
intentions, il y est pleinement arrivé. Tout autre est l’impression
que nous apporte un second cheval de bronze, appartenant à M. Cha-
brières-Arlès. Est-ce un homme qu’il faut voir en ce personnage
coiffé d’un petit calot et dont les cheveux longs pendent sur son cou,
entremêlés de bandelettes? Serait-ce une femme que nous voyons
ainsi vêtue de fer sous sa cotte flottante, les pieds chaussés de pou-
laines armées d’éperons, l’épée au côté, le faucon au poing, et plantée
à califourchon sur un haut cheval? Dans l’incertitude où il nous
faut rester, admettons que c’est un page, et admirons sa jeune, hère
et hautaine allure.
De la même collection, c’est plutôt une fontaine de tahle qu’un
aquamanile proprement dit ce petit groupe qui nous montre la
jeune maîtresse d’Alexandre assise sur le dos d’Aristote, chevau-
chant à quatre pattes. L’histoire est trop présente à tous les souve-
nirs, elle a trop souvent servi de sujet à la sculpture, à la dinanderie
aussi — car la collection Spitzer possédait un groupe analogue, éga-
lement du xiv0 siècle, —- pour que nous la rappelions une fois encore.
Peut-être est-il regrettable que ce thème ne soit pas repris par la
chaudronnerie contemporaine : ce serait là un joli et instructif cadeau
à faire à un mari.
Enfin, l’on a cru reconnaître Louis XI dans une petite figure de