L’EXPOSITION RÉTROSPECTIVE I)E L’ART FRANÇAIS
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peuvent compter parmi les plus grandes pièces de fonte arrivées
jusqu’à nous. Un aigle, les ailes déployées, formant le pupitre sur
lequel s’ouvrent les livres de chœur, en constitue l’élément essen-
tiel : celui de l’église Sainte-Catherine de Honfïeur, du xve siècle,
est porté sur une simple tige annelée, montée sur pied hexagonal ;
celui de Rosnay (Aube) a deux pupitres ; la date de 1631, qui se lit
sur l'un d’eux, doit se référer à un don postérieur à l’exécution de
l’objet, dont la mouluration accuse la fin du xve siècle; les volutes
et les acanthes de cet autre, venant de l’église Notre-Dame de Poi-
tiers, ne le font pas remonter plus haut que le commencement du
xvne siècle; enfin, une inscription, gravée sur celui de l’église de
Caudebec-en-Caux, le plus grand des quatre, dont l’aigle est porté
sur une base quadrangulaire, cantonnée de quatre figures de ché-
rubins, confie à la postérité que ce monument a été donné en 1656
par « Catherine Cavelet au ciel née et chérie ».
Outre un fort beau sphinx accroupi, à tête féminine, appartenant
au musée d’Aix, et qui devait, sans nul doute, faire partie d’une
décoration architecturale sur le seuil de quelque porte ou au départ
de quelque escalier; outre une curieuse statuette de divinité, Ver-
tumne, semble-t-il, à en croire la corne de fruits que tient une de
ses mains, trouvée en 1881 dans des fouilles pratiquées au camp de
Châlons, actuellement au musée de cette ville et que sa belle patine
avait pu tout d’abord faire prendre pour une œuvre antique; outre
une amusante série de petites statuettes anecdotiques et familières,
une Vénus à sa toilette, une Vénus peignant ses cheveux, à M. Mann-
heim ; une jeune femme soutenant un enfant dans l’occupation du
Manneken-Pis, à M. Haviland; un petit arquebusier, costumé à la
mode de Henri III, à M. Thévvalt, le xvie siècle est représenté par
deux grands noms : Jean Bologne et Germain Pilon. Du premier,
M. Porgès présente deux fort belles épreuves du Centaure combattant
le Lapithe et à’Hercule terrassant le taureau ; les collections de l’Etat
ont prêté une importante suite de pièces qui, à vrai dire, n’ont
pas toutes été fondues au xvic siècle : Apollon, Hercule domptant
un cerf, Déjanire et le centaure Nessus, Hercide et le sanglier d’Ery-
manlhe, L’Enlèvement de Déjanire, qui, pour la plupart, ont dû
être exécutées au xvnc siècle, pour la décoration des résidences
royales. Du second, l’évêché d’Orléans a envoyé l’admirable buste
de Jean de Morvilliers, évêque d’Orléans et garde des sceaux, en
1568, qui décorait autrefois son tombeau dans l’église des Francis-
cains de Blois. C’est un morceau d’une intensité extrême, dans sa
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peuvent compter parmi les plus grandes pièces de fonte arrivées
jusqu’à nous. Un aigle, les ailes déployées, formant le pupitre sur
lequel s’ouvrent les livres de chœur, en constitue l’élément essen-
tiel : celui de l’église Sainte-Catherine de Honfïeur, du xve siècle,
est porté sur une simple tige annelée, montée sur pied hexagonal ;
celui de Rosnay (Aube) a deux pupitres ; la date de 1631, qui se lit
sur l'un d’eux, doit se référer à un don postérieur à l’exécution de
l’objet, dont la mouluration accuse la fin du xve siècle; les volutes
et les acanthes de cet autre, venant de l’église Notre-Dame de Poi-
tiers, ne le font pas remonter plus haut que le commencement du
xvne siècle; enfin, une inscription, gravée sur celui de l’église de
Caudebec-en-Caux, le plus grand des quatre, dont l’aigle est porté
sur une base quadrangulaire, cantonnée de quatre figures de ché-
rubins, confie à la postérité que ce monument a été donné en 1656
par « Catherine Cavelet au ciel née et chérie ».
Outre un fort beau sphinx accroupi, à tête féminine, appartenant
au musée d’Aix, et qui devait, sans nul doute, faire partie d’une
décoration architecturale sur le seuil de quelque porte ou au départ
de quelque escalier; outre une curieuse statuette de divinité, Ver-
tumne, semble-t-il, à en croire la corne de fruits que tient une de
ses mains, trouvée en 1881 dans des fouilles pratiquées au camp de
Châlons, actuellement au musée de cette ville et que sa belle patine
avait pu tout d’abord faire prendre pour une œuvre antique; outre
une amusante série de petites statuettes anecdotiques et familières,
une Vénus à sa toilette, une Vénus peignant ses cheveux, à M. Mann-
heim ; une jeune femme soutenant un enfant dans l’occupation du
Manneken-Pis, à M. Haviland; un petit arquebusier, costumé à la
mode de Henri III, à M. Thévvalt, le xvie siècle est représenté par
deux grands noms : Jean Bologne et Germain Pilon. Du premier,
M. Porgès présente deux fort belles épreuves du Centaure combattant
le Lapithe et à’Hercule terrassant le taureau ; les collections de l’Etat
ont prêté une importante suite de pièces qui, à vrai dire, n’ont
pas toutes été fondues au xvic siècle : Apollon, Hercule domptant
un cerf, Déjanire et le centaure Nessus, Hercide et le sanglier d’Ery-
manlhe, L’Enlèvement de Déjanire, qui, pour la plupart, ont dû
être exécutées au xvnc siècle, pour la décoration des résidences
royales. Du second, l’évêché d’Orléans a envoyé l’admirable buste
de Jean de Morvilliers, évêque d’Orléans et garde des sceaux, en
1568, qui décorait autrefois son tombeau dans l’église des Francis-
cains de Blois. C’est un morceau d’une intensité extrême, dans sa