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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 2
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Molinier, Émile: L' exposition rétrospective de l'art français, L'orfèvrerie, 1: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0177

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L’EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE L’ART FRANÇAIS

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sion ; un peu de goût artistique suffit pour se rendre compte sans
effort de la marche de l’art, de ses progrès ou de ses défaillances
dans les différentes séries qui, pour la plupart, sont représentées au
Petit Palais. C’est là, en somme, ce qui donne à cette exposition,
dont une grande partie était déjà connue, un aspect nouveau; le
classement par matière, comme dans un musée, et non par époque,
comme dans la majorité des expositions précédentes, contribue
également beaucoup à rendre l’enseignement qui en doit découler
plus facilement assimilable. On peut donc dire que, sans s’éloigner
de données strictement scientifiques, on a fait une œuvre artistique
dont le visiteur retire à la fois plus de joie et de profit.

L’art de l'orfèvrerie, chez nous, au moyen âge, doit-il être
considéré comme ayant l’importance qu’il acquit dans quelques
pays, en Italie notamment, à l’époque de la Renaissance, où la
plupart des grands artistes firent leur première éducation dans la
boutique des orfèvres? Je ne le crois pas. L’art de l’orfèvrerie, en
France, est presque toujours et partout asservi à l’architecture :
il lui emprunte ses formes et les développe ou les simplifie sui-
vant les nécessités de la matière employée; mais, comme l’art de
l’orfèvre est un art de luxe, tout naturellement il prend une grande
extension ; ses œuvres, très nombreuses, peuvent au premier abord
faire croire, par un mirage, qu’il a plus d’importance qu'il n’en a
réellement. En fait, l’orfèvrerie, au point de vue de la forme — je
laisse de côté les différentes techniques appliquées à la décoration,
qui n’ont qu’un intérêt très secondaire, — ne commande pas : elle
est asservie, au contraire. Elle copie et suit l’architecture en ses
transformations diverses. Il s’ensuit que, pour bien comprendre le
style et les modifications successives du style de l’orfèvrerie au
moyen âge, il faut connaître l’histoire de l’architecture de la même
époque. Cette vérité éclate, je crois, tout entière, quand on examine
les nombreux monuments d’orfèvrerie réunis au Petit Palais.

De très bonne heure les châsses destinées à abriter les reliques
plus ou moins considérables des saints ont affecté la forme de sar-
cophages. Une telle forme devait être en effet bien vite adoptée pour
des monuments qui n’étaient à tout prendre que les diminutifs des
tombeaux où reposaient les corps saints : à la simple boîte munie
d'un couvercle on eut vite fait d’adapter, au lieu d’un couvercle plat,
un toit à deux rampants qui permet de comparer ces monuments à
des maisons dont le galbe serait excessivement stylisé, mais qui, en
réalité, ne sont que les réductions des cercueils de pierre. Cette

XXIV. — 3* PÉRIODE.

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