Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Guiffrey, Jules: Les tapisseries à l'exposition rétrospective et à l'exposition contemporaine, 2: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0245

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LES TAPISSERIES A L’EXPOSITION UNIVERSELLE 223

Garde-Meuble, les exigences des fêtes publiques données à propos
de l’Exposition, et aussi avec cette mauvaise habitude bien enra-
cinée de considérer le magasin des tapisseries de l'Etat, non comme
un trésor auquel on ne doit toucher qu’avec la plus grande discré-
tion, mais comme un fonds commun auquel tous les ministres au
pouvoir ont le droit de puiser à pleines mains et sans ménagement
pour rehausser l’éclat de leurs réceptions. On a beau protester,
depuis des années, dans la presse comme au Parlement, contre ces
déplorables abus, les vieilles habitudes se perpétuent, et le moment
approche où il ne restera que des ruines informes des admirables
collections que notre pays possédait naguère.

Parmi les pièces nouvelles que l’Exposition a tirées de leur
obscurité, j’en signalerai une dont le caractère particulier mérite de
retenir un moment l’attention. Elle appartient à une église de
Châlon-sur-Saône et provient, d’après une inscription fort lisible
encore, d’un procureur royal du commencement du xvne siècle,
nommé Hugon. Cette légende nous apprend aussi que le possesseur
de cette tenture l’avait fait tisser pour décorer la façade de sa maison
lors des processions de la Fête-Dieu. C’est d’ailleurs une affectation
que la disposition seule des scènes indiquerait nettement. Répartis
sur deux rangs superposés, les sujets laissent, au milieu de la zone
inférieure, un champ vide, semé de fleurs de lis, destiné certainement
à disparaître derrière le reposoir. Au-dessus, sont représentés le
donateur et sa femme, agenouillés devant le Saint-Sacrement ; de
chaque côté, des scènes tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament.
La tapisserie par elle-même n’aurait pas une bien grande valeur : le
dessin laisse à désirer; le tissu manque de finesse; mais la composi-
tion, dont nous ne connaissons pas d’autre exemple, et l’inscription
qui l’explique, nous ont paru intéressantes à noter.

Nous n’avons pas le loisir de nous arrêter aux tentures, peu
nombreuses d’ailleurs, qui représentent ici le travail des Gobelins
sous le règne de Louis XIV. L’époque la plus prospère pour la
manufacture ne brille pas d’un bien vif éclat dans les rares pièces
fournies par le Garde-Meuble. Il eût mieux valu pourtant immo-
biliser ici, pendant la durée de l’Exposition, les débris encore assez
bien conservés de l’ancienne collection de la Couronne, que de
promener de ministère en ministère ces pauvres tapisseries, déjà
réduites à un état si précaire par les traitements dont elles sont
chaque jour victimes.

C’est en vain que des flots d’encre ont été répandus, en vain
 
Annotationen