L’art japonais a l’exposition
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force, chef-d’œuvre de facture nerveuse, mais aux mains contempo-
raines de statues conservées au Japon. Rien n’est plus caractéristique
que la beauté de ces grandes mains délicates que ces sculplcurs ont
amoureusement étu-
diées, modelées avec
une plénitude puissante
qui est un des traits de
leur manière. Une épo-
que mièvre, éprise de
fausse aristocratie,seule
a pu créer et goûter l'in-
signifiance de ces pe-
tites mains niaises.
Nous devons cette
œuvre parfaite au tem-
ple d Ilokkéji, à Nara.
C'est le Kiowo Gokokuji
qui nous envoie l'autre
chef-d'œuvre de l’expo-
sition, le Monju, où je
vois la mâle mélan-
colie de l’époque Kama-
koura, ou des derniers
Foujiwara. La stylisa-
tion est moindre dans
celle statue, qui, visi-
blement, est un por-
trait, la vie serrée de
plus près, le souci des
lignes décoratives et de
l’élégance moinsgrand;
le bois même, par son
ton sombre, presque
noir, par sa facture
plus fouillée, énergique et sérieuse, a un caractère plus grave.
Ici l’affranchissement est complet, l’art absolument national,
comme l’est ce beau type de prêtre japonais austère et doux. Les détails
qui rappellent l’étranger, la longue ôreille ourlée en ornement, la
beauté grecque des draperies, n’enlèvent rien à l’intense saveur japo-
naise de cette œuvre magistrale, une des dernières qui soient encore
<2
FIGURE DE PAYSANNE, EN TERRE
ATTRIBUÉE AU Vil® SIÈCLE
(Pagode de Iloriuji.)
XXIV. — 3° PÉRIODE.
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force, chef-d’œuvre de facture nerveuse, mais aux mains contempo-
raines de statues conservées au Japon. Rien n’est plus caractéristique
que la beauté de ces grandes mains délicates que ces sculplcurs ont
amoureusement étu-
diées, modelées avec
une plénitude puissante
qui est un des traits de
leur manière. Une épo-
que mièvre, éprise de
fausse aristocratie,seule
a pu créer et goûter l'in-
signifiance de ces pe-
tites mains niaises.
Nous devons cette
œuvre parfaite au tem-
ple d Ilokkéji, à Nara.
C'est le Kiowo Gokokuji
qui nous envoie l'autre
chef-d'œuvre de l’expo-
sition, le Monju, où je
vois la mâle mélan-
colie de l’époque Kama-
koura, ou des derniers
Foujiwara. La stylisa-
tion est moindre dans
celle statue, qui, visi-
blement, est un por-
trait, la vie serrée de
plus près, le souci des
lignes décoratives et de
l’élégance moinsgrand;
le bois même, par son
ton sombre, presque
noir, par sa facture
plus fouillée, énergique et sérieuse, a un caractère plus grave.
Ici l’affranchissement est complet, l’art absolument national,
comme l’est ce beau type de prêtre japonais austère et doux. Les détails
qui rappellent l’étranger, la longue ôreille ourlée en ornement, la
beauté grecque des draperies, n’enlèvent rien à l’intense saveur japo-
naise de cette œuvre magistrale, une des dernières qui soient encore
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FIGURE DE PAYSANNE, EN TERRE
ATTRIBUÉE AU Vil® SIÈCLE
(Pagode de Iloriuji.)
XXIV. — 3° PÉRIODE.