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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 4
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Molinier, Émile: L' exposition rétrospective de l'art français, L'orfèvrerie, 2: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0380

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332

GAZETTE DES BEAUX-ART

années, quelques archéologues, que je me garderai de nommer pour
ne point leur faire une réclame posthume désobligeante, ont débité
mainte absurdité. Ce monument, l’un des plus considérables qui
existent dans cette série, représente le prince en habit de fête ou plutôt
en costume de justicier, puisqu’il tient en main une épée nue. L’as-
pect général est un peu lourd, comme dans beaucoup d’émaux de
Limoges du xne siècle, comme dans cette belle plaque de saint
Nicolas de Bari dont M. Bertaux donnait, il y a quelques mois, dans
les Mélanges Piot, une bonne reproduction, comme dans ce portrait
d’Eulger, évêque d’Angers, dont Gaignières nous a conservé une
aquarelle si bizarrement interprétée par Viollet-le-Duc ; et cepen-
dant, chacune de ces trois œuvres respectivement peut se présenter
avec les certificats historiques les plus authentiques et les plus
concluants, qui tous affirment une origine limousine. Je soupçonne
— j’emploie cette formule pour être poli — qu’aucun des savants
qui, à propos du portrait de Geoffroy, ont prétendu qu’il avait une
origine allemande n’a su ce qu’était un émail champlevé exécuté
dans un atelier des bords du Bhin ; il est, hélas ! trop tard pour le
leur apprendre; sans quoi, en visitant l’Exposition et sans sortir du
Petit Palais, ils auraient pu, en examinant la collection du comte
Gaston Chandon de Briailles ou la collection de M. Martin Le Goy,
apprendre ce que c’est qu’un émail de Cologne. Ces pièces ont été
judicieusement admises, bien que non françaises, à titre de compa-
raison et peuvent être d’un grand secours pour ceux qui étudient
sérieusement une question qui, assurément, ne présente plus poul-
ies contemporains les secrets en apparence indéchiffrables qu’on se
plaisait à y rencontrer il y a vingt ans, mais dont on ne saurait se
lasser de répéter et de fixer les grandes lignes, ne fût-ce que pour bien
marquer le chemin parcouru et les vérités définitivement acquises.

Si on s’arrête assez longuement sur ces œuvres tant soit peu
primitives, et qui datent des origines de l’art limousin, il serait injuste
de passer sous silence les monuments qui représentent ce même art
arrivé à son complet développement, les ateliers de Limoges en
possession de tous leurs moyens, dans la plénitude de leur talent
et, par conséquent, de leur succès. Faisons grâce au lecteur d’une
foule de châsses, les unes charmantes de couleur, les autres curieuses
de forme ou de disposition, que présente l’Exposition. On ne peut
bonnement écrire ici en raccourci une histoire de l’art limousin.
Fixons notre attention sur deux ou trois spécimens caractéristiques
qui suffisent pour établir la réputation universelle de ces émaux. La
 
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