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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
en nature ou en dessin, appartiennent à une époque assez avancée
du xmc siècle. Le chef ou plutôt le buste-reliquaire de saint Bau-
dime, conservé dans l’église de Saint-Nectaire, remonte à une
période plus archaïque : sans doute, au point de vue de la plastique,
ce corps, sur lequel s’emmanchent assez mal deux bras est assez
répréhensible, mais la tête, qui par son style appartient au plein
xii° siècle, est une œuvre de sculpture puissante, d’une grande sûreté
de technique ; elle tient une place très honorable dans l’histoire
de la sculpture romane ou de style roman
du midi de la France ; elle fait oublier
cette impression de maladresse que fait
naître une œuvre pourtant importante,
la Vierge d’argent de l’église de Beau-
lieu, témoin d’ailleurs très précieux de la
persistance en Limousin de traditions
artistiques fort anciennes. Mais je m’ar-
rête, car c’est là un sujet qu’on ne peut
même effleurer sans lui consacrer de
longs développements, sans entrer dans
la description de détails de technique qui
ne sauraient trouver place en une revue
si rapide.
Un mot cependant pour terminer,
parce qu’en l’ajoutant ici je sais répondre
aux préoccupations de quelques ama-
teurs auxquels j’ai entendu souvent poser
celte question : à quoi reconnaissez-vous
un émail limousin d’un émail allemand?
A cette question, très simple en appa-
rence, mais qui demanderait une réponse
très complexe, il est deux solutions : prenez les très nombreux
spécimens authentiqués par leur provenance ou, très rarement,
authentiqués par des signatures — tel le chef de Nexon, œuvre
authentique d’Aimeri Chrétien, — regardez-les, interrogez-les, et il
n’est pas douteux que, si vous avez quelque sentiment du style et de
la forme des monuments du moyen âge, vous n’arriviez rapidement
à grouper d’une façon absolument sûre autour de ces rares jalons
une foule de monuments analogues. Mais c’est là une méthode qu’on
ne peut recommander à tout le monde, parce qu’elle réclame une
longue éducation artistique, une science archéologique qui n’est pas
SAINT J KAN, FIGURINE EN OR
(COMMENCEMENT DU XV* SIÈCLE)
(Collection Corroyer.)
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
en nature ou en dessin, appartiennent à une époque assez avancée
du xmc siècle. Le chef ou plutôt le buste-reliquaire de saint Bau-
dime, conservé dans l’église de Saint-Nectaire, remonte à une
période plus archaïque : sans doute, au point de vue de la plastique,
ce corps, sur lequel s’emmanchent assez mal deux bras est assez
répréhensible, mais la tête, qui par son style appartient au plein
xii° siècle, est une œuvre de sculpture puissante, d’une grande sûreté
de technique ; elle tient une place très honorable dans l’histoire
de la sculpture romane ou de style roman
du midi de la France ; elle fait oublier
cette impression de maladresse que fait
naître une œuvre pourtant importante,
la Vierge d’argent de l’église de Beau-
lieu, témoin d’ailleurs très précieux de la
persistance en Limousin de traditions
artistiques fort anciennes. Mais je m’ar-
rête, car c’est là un sujet qu’on ne peut
même effleurer sans lui consacrer de
longs développements, sans entrer dans
la description de détails de technique qui
ne sauraient trouver place en une revue
si rapide.
Un mot cependant pour terminer,
parce qu’en l’ajoutant ici je sais répondre
aux préoccupations de quelques ama-
teurs auxquels j’ai entendu souvent poser
celte question : à quoi reconnaissez-vous
un émail limousin d’un émail allemand?
A cette question, très simple en appa-
rence, mais qui demanderait une réponse
très complexe, il est deux solutions : prenez les très nombreux
spécimens authentiqués par leur provenance ou, très rarement,
authentiqués par des signatures — tel le chef de Nexon, œuvre
authentique d’Aimeri Chrétien, — regardez-les, interrogez-les, et il
n’est pas douteux que, si vous avez quelque sentiment du style et de
la forme des monuments du moyen âge, vous n’arriviez rapidement
à grouper d’une façon absolument sûre autour de ces rares jalons
une foule de monuments analogues. Mais c’est là une méthode qu’on
ne peut recommander à tout le monde, parce qu’elle réclame une
longue éducation artistique, une science archéologique qui n’est pas
SAINT J KAN, FIGURINE EN OR
(COMMENCEMENT DU XV* SIÈCLE)
(Collection Corroyer.)