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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 5
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Lafenestre, Georges: La peinture ancienne, 1: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0410

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380

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

On les avait à peine entrevus en 1878 à l’Exposition des portraits
nationaux, si bien préparée par M. de Chennevières, mais si mal
installée, au dernier moment, comme par grâce, dans la salle des
Conférences, au Trocadéro. On a donc bien fait de nous les remon-
trer. Le retable d’Aix fut peint vers 1473, celui de Moulins vers 1300.
L’un porte les effigies du bon roi René et de sa seconde femme,
Jeanne de Laval, l’autre celles de Pierre de Beaujeu, duc de
Bourbon, d’Anne de Beaujeu et de leur fille Suzanne, la future
femme du connétable de Bourbon. OEuvres importantes pour l’ico-
nographie princière, elles ne le sont pas moins pour l’histoire de la
peinture nationale. Commandées par de grands seigneurs amis des
arts pour les cathédrales de leurs résidences, elles ne purent l’être
qu’à des artistes en renom ; nous possédons certainement en elles
des types achevés de ce que pouvait alors produire de mieux l’art
français dans ces deux centres de culture active, la cour de Provence
et la cour de Bourbon, dans la première par l’école d’Avignon, dans
la seconde par l'une des écoles, également florissantes, auxquelles
Pierre et Jeanne, d’esprit très ouvert, semblent avoir tour à tour fait
appel, celle de Tours ou celle de Lyon.

Toutefois, même au Petit Palais, ce n’est pas par ces deux belles
œuvres que débute la peinture française. On peut déjà y étudier
ses instincts et ses tendances dès le xivf siècle, au moment où elle
commence à se dégager des formules traditionnelles et des procédés
monotones qui avaient longtemps suffi aux miniaturistes, d’ailleurs
souvent si expressifs, du xme. A défaut de tableaux proprement dits,
quelques miniatures, un certain nombre de tapisseries, quelques
broderies, toutes pièces rares et caractéristiques, nous font assister
à cette pénétration lente et continue de l'esprit réaliste qui modifie
et vivifie de toutes parts, sous Charles V et Charles VI, les anciennes
traditions de l’idéalisme religieux. A notre sens, d’ailleurs, c’est une
erreur de penser qu’il a fallu, pour déterminer ou plutôt pour préci-
piter ce mouvement, une sorte de brusque révolution due à l’inva-
sion des œuvres et des idées flamandes. Il suffit d’examiner certaines
sculptures de nos églises de l’Ile-de-France et du centre où, dès le
xme siècle, la franchise de l’observation et la hardiesse du rendu
vont jusqu’à la caricature et à la difformité, de constater dans les
miniatures de la même époque d’extraordinaires recherches de jus-
tesse et de vie dans les attitudes et les gestes, pour se convaincre
qu’on assiste là, simplement, à l’évolution naturelle du génie national
sous une poussée décisive des circonstances politiques et morales
 
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