L’EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE L’ART FRANÇAIS
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Filarete, dévoilant ses accointances avec le verrier vénitien Beroviero.
Il acquiert encore plus de valeur si on se souvient des relations du
sculpteur-architecte avec notre compatriote Jean Foucquet; il devient
concluant si on le rapproche du portrait de Jean Foucquet, œuvre
probable de Foucquet lui-même, que possède le Louvre, œuvre
d’ailleurs exécutée à l’italienne et comme une véritable miniature.
Concluons : tout au moins dans la seconde moitié du xve siècle
et, pour préciser davantage, vers le milieu de ce siècle, Français et
Italiens étaient amenés à faire usage de l’émail de la même manière,
c’est-à-dire à en recouvrir une surface plane métallique. Les pro-
cédés d’application différaient, mais pas assez pour que l’effet produit
ne fût, de part et d’autre, sensiblement le même; ce sont là des faits
définitivement acquis; ce sera le point de départ indiscutable des
recherches ultérieures, que nous souhaitons heureuses et concluantes.
D’autres exemples, rentrant, pour l’Italie tout au moins, dans la
même catégorie, pourraient être cités : ceux-là suffisent amplement
pour l’instant, pour étayer ce qu’on ne doit plus considérer comme
une hypothèse, mais comme une vérité définitivement démontrée.
Le Petit Palais ne renferme guère d’émaux du xv° siècle : mais
il en est un, toutefois, qu’il faut particulièrement signaler. C’est le
hanap qui appartient à M. Thewalt, décoré entièrement en grisaille.
A l’intérieur et à l’extérieur,.sur fond noir, se déroulent des rinceaux
entremêlés de singes ou des sujets de chasse, le tout exécuté en
grisaille. Le modèle a été une estampe allemande ou néerlandaise;
mais y a-t-il là rien qui nous puisse étonner et permettre de mettre
en doute l’origine limousine d’un monument dont le musée de Vienne
possède les analogues? La technique de cet importante pièce, qui
affecte la forme d’un tronc de cône renversé, est si française, et,
disons mieux, si limousine, qu’aucun doute ne peut subsister à ce
sujet chez tout connaisseur en émaux. Le modèle germanique ici
employé ne saurait être un argument ; beaucoup d’émailleurs de
Limoges de la fin du xve siècle ou du commencement du xvie siècle,
ont puisé leur inspiration dans des estampes allemandes, et, jusque
dans ces transcriptions parfois maladroites et presque toujours infi-
dèles, on reconnaît le style du modèle. Nardon Pénicaud n’eut guère
d’autres guides ; mais qui oserait aujourd’hui attribuer ses œuvres,
même non signées, à l’Allemagne? A ce propos, n’oublions jamais
XXIV. — 3” PÉRIODE.
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Filarete, dévoilant ses accointances avec le verrier vénitien Beroviero.
Il acquiert encore plus de valeur si on se souvient des relations du
sculpteur-architecte avec notre compatriote Jean Foucquet; il devient
concluant si on le rapproche du portrait de Jean Foucquet, œuvre
probable de Foucquet lui-même, que possède le Louvre, œuvre
d’ailleurs exécutée à l’italienne et comme une véritable miniature.
Concluons : tout au moins dans la seconde moitié du xve siècle
et, pour préciser davantage, vers le milieu de ce siècle, Français et
Italiens étaient amenés à faire usage de l’émail de la même manière,
c’est-à-dire à en recouvrir une surface plane métallique. Les pro-
cédés d’application différaient, mais pas assez pour que l’effet produit
ne fût, de part et d’autre, sensiblement le même; ce sont là des faits
définitivement acquis; ce sera le point de départ indiscutable des
recherches ultérieures, que nous souhaitons heureuses et concluantes.
D’autres exemples, rentrant, pour l’Italie tout au moins, dans la
même catégorie, pourraient être cités : ceux-là suffisent amplement
pour l’instant, pour étayer ce qu’on ne doit plus considérer comme
une hypothèse, mais comme une vérité définitivement démontrée.
Le Petit Palais ne renferme guère d’émaux du xv° siècle : mais
il en est un, toutefois, qu’il faut particulièrement signaler. C’est le
hanap qui appartient à M. Thewalt, décoré entièrement en grisaille.
A l’intérieur et à l’extérieur,.sur fond noir, se déroulent des rinceaux
entremêlés de singes ou des sujets de chasse, le tout exécuté en
grisaille. Le modèle a été une estampe allemande ou néerlandaise;
mais y a-t-il là rien qui nous puisse étonner et permettre de mettre
en doute l’origine limousine d’un monument dont le musée de Vienne
possède les analogues? La technique de cet importante pièce, qui
affecte la forme d’un tronc de cône renversé, est si française, et,
disons mieux, si limousine, qu’aucun doute ne peut subsister à ce
sujet chez tout connaisseur en émaux. Le modèle germanique ici
employé ne saurait être un argument ; beaucoup d’émailleurs de
Limoges de la fin du xve siècle ou du commencement du xvie siècle,
ont puisé leur inspiration dans des estampes allemandes, et, jusque
dans ces transcriptions parfois maladroites et presque toujours infi-
dèles, on reconnaît le style du modèle. Nardon Pénicaud n’eut guère
d’autres guides ; mais qui oserait aujourd’hui attribuer ses œuvres,
même non signées, à l’Allemagne? A ce propos, n’oublions jamais
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