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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 5
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Molinier, Émile: L' exposition rétrospective de l'art français, Les émaux des peintres: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0484

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452

GAZETTE DES BEAÜX-AETS

nombre de développements littéraires, qui ont en somme très peu
influé sur l'art. La conception, si longuement exposée par Rabelais,
de l’abbaye de Thélème, est un des derniers échos de ces recherches
des humanistes de la Renaissance, comme la construction de Cham-
bord, auquel très probablement Rabelais a voulu faire allusion en
décrivant son abbaye, est la seule réalisation pratique et construite
de la ville idéale réduite aux proportions d’une résidence royale.

Si nous insistons sur ce point — qui, je le répète, n’a rien à faire
avec la céramique de Palissy — c’est pour bien montrer que, ni dans
ses notes ni dans ses écrits, Palissy n’a fait preuve d’une originalité
bien frappante.

En réalité, Palissy, qui avait un bagage littéraire très léger, qui
avait une éducation première fort incomplète, — il en est un signe
certain pour un homme de la Renaissance : il n’avait pas appris le
latin,— un esprit curieux et avide de connaître, s’est jeté sur tous les
livres philosophiques ou scientifiques qui ont pu lui tomber sous la
main et les a dévorés sans toujours bien les comprendre. Il a ainsi
composé pour son propre usage une sorte d’encyclopédie, dont bien
des passages étaient mal digérés et dont il nous a donné une partie
dans ses écrits.

Quand on analyse de près ses productions littéraires, qui sont
loin d’ailleurs de manquer de saveur, qui fourmillent d’expressions
provinciales et pittoresques, on a l’impression qu’on est en face
d’un homme à peu près illettré, qui s’est fait lui-même en puisant
les éléments de son instruction à des sources très diverses et de
valeur très différente.

Qu’on imagine, à l’heure qu’il est, un personnage n’ayant que
peu d’instruction, mais très bien doué, qui se mettrait avec passion
à lire et à chercher à comprendre une encyclopédie et qui, ensuite,
avec cette science bien légère et de peu de profondeur, produirait
lui-même un ouvrage dans lequel il s’appesantirait sur les points
qui l’auraient le plus frappé dans ses lectures, qui apporterait sur
quelque point le fruit de ses réflexions intelligentes, il produirait,
j’imagine, quelque chose comme les ouvrages de Palissy, — toutes
proportions gardées, bien entendu, à cause de l’époque et du milieu.

Ce portrait de Palissy, que nous traçons brièvement ici, paraîtra
sans doute bien noir et bien peu favorable à une figure qui, en somme,
a des côtés tellement sympathiques qu’elle est restée populaire jus-
qu’à présent. Il n’est pourtant pas nécessaire, pour admirer certains
côtés du caractère de Palissy, d’admettre toutes les fables, toutes les
 
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