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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
moulages très exacts, on arriverait à déterminer, à l’aide de la
connaissance des terrains de Saintes et de Paris, à quelle période
de sa vie Palissy avait créé telle ou telle pièce de céramique.
Il y avait là un moyen de contrôle très séduisant au point de
vue chronologique ; malheureusement, on reconnut assez prompte-
ment que ce moyen de contrôle nous échappait, le terrain du bassin
de Paris étant le môme, au point de vue géologique, que le terrain
du bassin de Saintes.
On aurait pu, peut-être, s’épargner cette déconvenue en remar-
quant que, dans la plupart des pièces de Palissy, nous n’avons
nullement affaire à des coquillages fossiles, mais à des coquilles du
genre le plus commun, ou même à des coquillages comestibles, tels
que la coque, ceux-là mêmes dont Palissy avait observé l’usage dans
les décorations rustiques de l’époque classique qu’il avait pu voir
à Saintes. Comme ses prédécesseurs gallo-romains l’avaient fait
plusieurs siècles avant lui, Palissy n’a point été chercher ses
modèles ni ses motifs décoratifs dans les entrailles de la terre; il a
copié les modèles les plus courants que lui fournissait la nature
telle qu’il l’avait sous les yeux.
Au point de vue du style, Palissy n’est donc point original.
Etait-il du moins capable de dessiner les formes de ses pièces ou de
modeler les figures qu’il y appliquait ? Pour ce dernier point, tout
au moins, la chose paraît bien douteuse ; car les monuments dans les-
quelles nous rencontrons des représentations de personnages appar-
tiennent tous à l’époque où Palissy travaillait aux Tuileries, et
ses personnages ont tellement le style des productions des sculp-
teurs employés à la cour des Valois, qu’il y a de fortes raisons de
croire que c’est à ces sculpteurs qu’il a demandé des modèles,
comme il a demandé des modèles pour ses entrelacs, ses chiffres et
ses compositions décoratives autres que les compositions rustiques,
aux décorateurs qui l’entouraient, aux ornemanistes dont les
compositions avaient un caractère international, puisque nous ren-
controns le même système d’ornementation, à cette époque du
xvxe siècle, soit en Allemagne, dans les Pays-Bas ou en France, parfois
même en Italie. Ce n’est pas sans une apparence de vraisemblance
que l’on attribue certaines pièces à personnages, datant véritablement
de l'époque de Palissy, à un sculpteur avec lequel il a été en rapport :
à Barthélemy Prieur. Beaucoup d’autres également ont pu lui donner
des modèles, soit que ces modèles fussent exécutés pour lui, soit
qu’il les leur empruntât en exécutant de véritables surmoulages.
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moulages très exacts, on arriverait à déterminer, à l’aide de la
connaissance des terrains de Saintes et de Paris, à quelle période
de sa vie Palissy avait créé telle ou telle pièce de céramique.
Il y avait là un moyen de contrôle très séduisant au point de
vue chronologique ; malheureusement, on reconnut assez prompte-
ment que ce moyen de contrôle nous échappait, le terrain du bassin
de Paris étant le môme, au point de vue géologique, que le terrain
du bassin de Saintes.
On aurait pu, peut-être, s’épargner cette déconvenue en remar-
quant que, dans la plupart des pièces de Palissy, nous n’avons
nullement affaire à des coquillages fossiles, mais à des coquilles du
genre le plus commun, ou même à des coquillages comestibles, tels
que la coque, ceux-là mêmes dont Palissy avait observé l’usage dans
les décorations rustiques de l’époque classique qu’il avait pu voir
à Saintes. Comme ses prédécesseurs gallo-romains l’avaient fait
plusieurs siècles avant lui, Palissy n’a point été chercher ses
modèles ni ses motifs décoratifs dans les entrailles de la terre; il a
copié les modèles les plus courants que lui fournissait la nature
telle qu’il l’avait sous les yeux.
Au point de vue du style, Palissy n’est donc point original.
Etait-il du moins capable de dessiner les formes de ses pièces ou de
modeler les figures qu’il y appliquait ? Pour ce dernier point, tout
au moins, la chose paraît bien douteuse ; car les monuments dans les-
quelles nous rencontrons des représentations de personnages appar-
tiennent tous à l’époque où Palissy travaillait aux Tuileries, et
ses personnages ont tellement le style des productions des sculp-
teurs employés à la cour des Valois, qu’il y a de fortes raisons de
croire que c’est à ces sculpteurs qu’il a demandé des modèles,
comme il a demandé des modèles pour ses entrelacs, ses chiffres et
ses compositions décoratives autres que les compositions rustiques,
aux décorateurs qui l’entouraient, aux ornemanistes dont les
compositions avaient un caractère international, puisque nous ren-
controns le même système d’ornementation, à cette époque du
xvxe siècle, soit en Allemagne, dans les Pays-Bas ou en France, parfois
même en Italie. Ce n’est pas sans une apparence de vraisemblance
que l’on attribue certaines pièces à personnages, datant véritablement
de l'époque de Palissy, à un sculpteur avec lequel il a été en rapport :
à Barthélemy Prieur. Beaucoup d’autres également ont pu lui donner
des modèles, soit que ces modèles fussent exécutés pour lui, soit
qu’il les leur empruntât en exécutant de véritables surmoulages.