L’EXPOSITION RÉTROSPECTIVE DE L’ART FRANÇAIS
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de vouloir dire d’une façon exacte dans quel atelier français ces
pièces ont vu le jour. Ce qu’il est permis, toutefois, d’affirmer à
nouveau, c’est que les artistes qui les ont tournées, modelées et
décorées cédaient sans doute aux mêmes préoccupations que Palissy
avait eues à ses débuts.
Il est probable que c’est cette éternelle recherche de la porce-
laine qui a guidé nos artistes pendant près d’un siècle, car, en fait,
si l’on se base sur l’examen du style de ces monuments, la fabrication
semble débuter dans les premières années du xvie siècle pour ne se
terminer que vers le règne de Henri III.
Pendant que ces artistes fabriquaient une céramique dont les
procédés rappelaient les anciennes traditions françaises, ou imagi-
naient de nouveaux émaux, tels que ceux de Palissy, certains ateliers,
s’inspirant des traditions de la céramique italienne, adoptaient ses
procédés sans y rien changer ; ils créaient, dans différentes parties de
la France, des œuvres dont quelques-unes atteignent à la perfection
du style de cet atelier de Rouen, dirigé par Masscot Abaquesne,
d’où, vers le milieu du xvie siècle, sont sortis des pavages et des
revêtements de céramique décorative tels que ceux du château
d’Ecouen, du château de La Bâtie ou de la cathédrale de Langres.
Un peu plus tard, vers la fin du xvie siècle, tout au moins, on
relève la date de 1581 et l’indication du lieu- de fabrication, Nîmes,
sous une gourde décorée à l'italienne, qui appartient à M. le baron
Gustave de Rothschild; un potier nîmois, nommé Sigalon, dont
l’éducation s’était vraisemblablement faite en Italie, mettait en pra-
tique des procédés qui font ressembler les rarissimes pièces sorties
de ses mains à des œuvres créées dans les ateliers d’Urbino ou de
Castel-Durante dans la première moitié du xvie siècle.
L’influence italienne devait très peu après, d’ailleurs, prendre
chez nous, au point de vue céramique, une très grande importance.
Si après la mort de Palissy, après 1589 par conséquent, la fabri-
cation de la céramique qu’il avait imaginée devait continuer à
donner lieu à la création d’imitations de ses pièces originales ou de
nouvelles figurines — parmi lesquelles la Nourrice, dont le modèle,
très probablement dû au ciseau du sculpteur Guillaume Dupré, est
le spécimen le plus dé.licat, — si cette fabrication devait avoir un
dernier écho au courant du xvne siècle dans les poteries, surtout
dans les épis de faîtage créés à Manerbe en Normandie, l’Italie devait
prendre une revanche éclatante par l’établissement à Nevers de
potiers venus de la Rivière de Gênes.
XXIV. — 3’ PÉRIODE.
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de vouloir dire d’une façon exacte dans quel atelier français ces
pièces ont vu le jour. Ce qu’il est permis, toutefois, d’affirmer à
nouveau, c’est que les artistes qui les ont tournées, modelées et
décorées cédaient sans doute aux mêmes préoccupations que Palissy
avait eues à ses débuts.
Il est probable que c’est cette éternelle recherche de la porce-
laine qui a guidé nos artistes pendant près d’un siècle, car, en fait,
si l’on se base sur l’examen du style de ces monuments, la fabrication
semble débuter dans les premières années du xvie siècle pour ne se
terminer que vers le règne de Henri III.
Pendant que ces artistes fabriquaient une céramique dont les
procédés rappelaient les anciennes traditions françaises, ou imagi-
naient de nouveaux émaux, tels que ceux de Palissy, certains ateliers,
s’inspirant des traditions de la céramique italienne, adoptaient ses
procédés sans y rien changer ; ils créaient, dans différentes parties de
la France, des œuvres dont quelques-unes atteignent à la perfection
du style de cet atelier de Rouen, dirigé par Masscot Abaquesne,
d’où, vers le milieu du xvie siècle, sont sortis des pavages et des
revêtements de céramique décorative tels que ceux du château
d’Ecouen, du château de La Bâtie ou de la cathédrale de Langres.
Un peu plus tard, vers la fin du xvie siècle, tout au moins, on
relève la date de 1581 et l’indication du lieu- de fabrication, Nîmes,
sous une gourde décorée à l'italienne, qui appartient à M. le baron
Gustave de Rothschild; un potier nîmois, nommé Sigalon, dont
l’éducation s’était vraisemblablement faite en Italie, mettait en pra-
tique des procédés qui font ressembler les rarissimes pièces sorties
de ses mains à des œuvres créées dans les ateliers d’Urbino ou de
Castel-Durante dans la première moitié du xvie siècle.
L’influence italienne devait très peu après, d’ailleurs, prendre
chez nous, au point de vue céramique, une très grande importance.
Si après la mort de Palissy, après 1589 par conséquent, la fabri-
cation de la céramique qu’il avait imaginée devait continuer à
donner lieu à la création d’imitations de ses pièces originales ou de
nouvelles figurines — parmi lesquelles la Nourrice, dont le modèle,
très probablement dû au ciseau du sculpteur Guillaume Dupré, est
le spécimen le plus dé.licat, — si cette fabrication devait avoir un
dernier écho au courant du xvne siècle dans les poteries, surtout
dans les épis de faîtage créés à Manerbe en Normandie, l’Italie devait
prendre une revanche éclatante par l’établissement à Nevers de
potiers venus de la Rivière de Gênes.
XXIV. — 3’ PÉRIODE.
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