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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 5
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Michel, André: L' exposition centennale - La peinture française, 5: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0507

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LA PEINTURE FRANÇAISE A L’EXPOSITION CENTENNALE 475

refuser longtemps encore tout crédit, sinon toute attention, aux
paysans de Millet; mais ceux de Jules Breton en furent mieux
accueillis.

AvecM. Léon Bonnat, le plus franc réalisme envahissait l'Ecole.
Ce n’est pas des ateliers académiques où se réfugiait l’idéalisme élégant
et médiocre des néo-grecs que sortaient les robustes apôtres de
Y Assomption de Saint-André de Bayonne. Bientôt c’est au portrait
— auquel le vouaient toutes ses qualités de vision directe et pre-
nante, d’esprit plus précis et loyal qu’imaginatif et rêveur, — qu’il
se consacrait surtout. Et l’on comprend mieux, à revoir le célèbre
portrait de Madame Pasca, patiné, adouci par le temps, que cette
peinture qui va droit au fait, plus soucieuse d’affirmer que d’insinuer
et de montrer que d’évoquer, et que l’on a pu accuser de rudesse, n’a
pas seulement la force véridique et la santé robuste ; elle se revêt
en vieillissant de ce charme plus persuasif que la vérité honnête-
ment servie ajoute avec les années au principe de vie déposé en elle.
On peut prévoir à présent ce que deviendront le beau portrait de
M"1'1 Bonnat mère, qui restera peut-être le chef-d’œuvre du maître,
et les effigies illustres de Joseph Bertrand, de Taine, de Renan, —
tout en concevant d’ailleurs, pour le dernier au moins, une inter-
prétation tout autre.

Cabanel portraitiste et surtout Elie Delaunay auraient pu être
mieux représentés à cette Centennale. Ce qu’on y montre de celui-ci
ne dit pas assez à ceux qui n’ont pas vu les expositions précédentes
l’admirable portraitiste qu'il fut, — ce qu’il cachait d’intelligence
sensitive sous sa sobriété un peu rude, de pénétration finement
nuancée sous sa simplicité.

Tout ce qui, du niveau moyen et médiocre de l’Ecole, émergeait
de supérieur ou de notable valait, on le voit, par des qualités qui ne
devaient pas grand’chose à la pédagogie dont Ingres, oubliant son
ancienne indépendance à l’égard de David et des davidiens, aurait
voulu imposer le joug. De l’académisme proprement dit il ne sortit
rien que de vaines redites; ceux-là seuls qui s’en affranchirent
compteront dans l’histoire de l’art. Aux jeunes qui eurent à faire
un choix et à se mettre d’accord avec eux-mêmes en ces années du
second Empire, le « réalisme», dont les méthodes expérimentales,
tout le mouvemeut scientifique et le « positivisme » du temps, sem-
blaient recommander et fortifier la doctrine, s’offrait donc avec une
particulière autorité. Ce n'est pas seulement du réalisme, c’est de
Courbet lui-même, que procèdent YHomtne endormi en bras, de
 
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