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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 6
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Michel, André: L' exposition décennale - La peinture franc̨aise: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0564

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528

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

cielle. Peut-on considérer cette Décennale comme une représentation
complète, ou tout au moins suffisante, des forces actives de notre
école ? Tous les « maîtres » y paraissent-ils en des œuvres caracté-
ristiques? Et, à côté des maîtres, a-t-on pris soin de montrer tout ce
qui, chez les jeunes, a été tenté d'intéressant et de significatif?

Quelques amis de MM. Claude Monet, Renoir, Pissarro se sont
plaints de n’y voir aucune Meule ou Cathédrale, aucune Baigneuse ou
Femme au piano, aucune Vue de Paris ou de Rouen, c’est-à-dire
aucune des dernières œuvres les plus marquantes du groupe impres-
sionniste. Il est probable que les peintres eux-mêmes se sont volon-
tairement abstenus, selon leur habitude (ils ont leur salle d’exposition
chez des marchands achalandés) ; il n’est pas vraisembable, en effet,
que le jury leur eût fermé la porte s’ils s’étaient présentés. Il est
juste, en tout cas, de combler par la pensée ces vides regrettables ;
dans une revue générale de l’art français contemporain, il serait
simplement ridicule d’affecter de négliger le groupe impressionniste.
Mais, comme dans la salle qui fait communiquer la Décennale et la
Centennale, on peut voir la Danseuse de M. Renoir, toute fleurie de
lumière, et Antibes et les Pins parasols de M. Claude Monet, non
loin des Foins de M. Rafl’aëlli, et de la Veuve de Pierrot de M. Wil-
lette, où des noirs en gaîté fraternisent tendrement avec des roses
en deuil, il est facile de restituer par la pensée ce qui manque à la
collection.

J’ai recueilli une autre plainte. Un jeune homme pâle, tout de
velours noir habillé, dont le col disparaissait sous une longue che-
velure, regrettait tout haut l’absence de l’école « néo-idéaliste »,
celle qu’un sâr, jadis, instaura « sous le Tau, la croix grecque, la
croix latine, devant le Reauséant et la Rose crucifère, en commu-
nion catholique romaine avec Hughes des Païens et Rosen Kreuz,
pour réparer l’erreur d’Orphée, former une milice pour le salut de
l’idéalité et dresser le temple de Reauté ». Vous aviez peut-être
oublié ces choses augustes, mais j’ai sous les yeux le texte du
mandement. La plainte du jeune homme pâle est mal fondée,
car MM. Henri Martin et Aman-Jean (médaille d’honneur et médaille
d’or, s’il vous plaît, de l’« Universelle ») exposèrent au Salon de la
Rose-f-Croix et je vous assure qu’ils valaient mieux que leurs voisins
de cimaise, bons garçons dont tout le mysticisme pressé, condensé
et amalgamé n’eût pas rendu de quoi former une âme de simple
gâte-sauce dans les cuisines de Montsalvat.

Donnez, pour être scrupuleux jusqu’à la minutie, un souvenir
 
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