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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 24.1900

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Nr. 6
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Lafenestre, Georges: La peinture ancienne, 2: les arts à l'Exposition Universelle de 1900
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https://doi.org/10.11588/diglit.24721#0582

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546

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

implore un bourgeois inquiet, n’est-ce pas la même beauté juvénile et
naturelle que dans les anges d’Angers, presque le même type, mais
encore ennobli et agrandi par un talent plus mûr? Peu de souci,
d’ailleurs, de la mise en perspective, exacte et réelle, pour les divers
groupes, de ce trompe-l’œil architectural dans lequel excellent
déjà les praticiens d’Italie et pour lequel ils négligeront de plus en
plus l’intérêt expressif des figures ; c’est par là que le peintre reste
un homme du xve siècle, décorateur et tapissier. Les deux groupes
du haut, à gauche, les dames élégantes, dans un jardin, auxquelles
un page apporte des rafraîchissements, et, à droite, les marchands
et les gens de loi pressés autour d’un comptoir, le chevalier de la
Mort lui-même, jeune et beau, tel qu’un saint Georges qui traverse,
la lance au poing, en brillante armure, poussant son cheval cara-
paçonné comme à la joute, ne seraient point sans doute ni à leur
place, ni à leur taille, si on leur appliquait les règles strictes des
dégradations linéaires. Mais qui donc y songerait en admirant, tour
à tour, la force ou la grâce de toutes ces figures? Ce sont des scènes
superposées, voilà tout, mais avec tant d’aisance et de goût que l'œil
les relie sans peine. Que dire de l’élégance, du naturel, de la sim-
plicité forte et noble de tous les personnages, seigneurs, dames,
bourgeois, artisans, groupés en bas, des deux côtés de l’ange? Il y
a, notamment, sur la droite, une jeune femme, d’une beauté fière et
fine à la fois, qui affirme admirablement son origine française.
Voilà bien l’aboutissement de tout notre effort du xv° siècle! Toutes
les pièces de cette époque exigeraient une étude attentive pour que
leur mérite esthétique, souvent aussi grand que leur intérêt archéo-
logique, fût enfin remis en valeur. Il est incroyable que nous soyions
si longtemps restés aveugles devant notre propre génie !

Ce n’est point ici le lieu de rechercher dans quelle mesure le
vieil esprit français, chez les peintres, put s’assouplir ou se troubler
sous l’invasion violente et exclusive de l’italianisme au xvie siècle.
Les documents sur cette période sont rares à l’Exposition. Au Petit
Palais, comme dans ses autres œuvres à Avignon, Rome, Paris,
Simon de Châlons, dans sa Mise au tombeau, s’inspire lourdement
de Raphaël, de Jules Romain, de Sébastien del Piombo. Il y a plus
d’élégance et d’intelligence des bons Italiens antérieurs dans le grand
volet du musée de Mâcon : La Visitation et La Présentation au Temple
En tout cas, on sent, dans ces morceaux, que, pour la technique, nos
peinti-es, allant en Italie, ont pu, suivant leur goût, en tirer quelque
profit, tandis que chez les simples caudataires de l’école de Fontai-
 
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