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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
ouvrages qui fixent leurs noms dans nos souvenirs : Mlle Duneufger-
main, avec un Maréchal de Saxe (collection du comte Louis Mniszech) ;
Melling, avec trois portraits de la famille de Dartein (collection Henri
de Dartein) ; Monnet, Le Maréchal de Mailly (musée de Perpignan) ;
Sablet, Le Comte d'Artois, en pied, 1774 (collection du comte de
Bourbon-Chalus) ; etc. On y trouve encore Heinsius, Tischbein,
Roslin, Michel Vanloo, Avcd, de Troy, Liotard, Duplessis, Le Paon,
Danloux, bien d’autres, représentés par des œuvres intéressantes,
parfois inattendues. Et si l’on constate que la période révolution-
naire et la période impériale sont peut-être plus richement encore
illustrées par une série incroyable de portraits, scènes militaires,
batailles, esquisses, nous donnant tout le mouvement de la peinture
depuis 1789 jusqu’à 181 S, on se prendra à regretter que cette collec-
tion, vraiment nationale, se doive disperser si vite, comme les
autres ; elle méritait une étude attentive, que l’espace ne nous
permet point de faire.
A s’en tenir au xvme siècle, et comme point de comparaison
avec nos portraitistes, on n’oubliera pas non plus les artistes anglais,
leurs contemporains, dont le pavillon de la Grande-Bretagne avait
recueilli les ouvrages. Nous avons pu là, sur quelques excellents
spécimens, admirer la variété de leurs dilettantismes. C’est le dilet-
tantisme studieux et robuste de Reynolds, évoluant tour à tour,
avec une versalité passionnée, qui reste pourtant toujours très
personnelle et très reconnaissable, dans le sillage de Titien et des
Italiens, dans celui de van Dyck, de Watteau, voire même de Vanloo
et de Greuze (Marchioness of Lothian, collection Gould). C’est le
dilettantisme, moins apparent d’abord, parce qu’il est plus souple
et plus libre, mais peut-être plus mobile encore et plus avisé, de
Gainsborough, incomparable portraitiste et paysagiste incomparable,
aussi inégal qu’il est parfois imprévu : — Portrait de Mme Vigée-
Lebrun, curieux à rapprocher du même portrait par David, à l’Ex-
position centennale (collection Léopold Hirsch) ; Mrs Fitz-Herbert
(collection Sanderson), d’une grâce souriante et mystérieuse;
Mme Baccelli, une danseuse italienne, brune, pétulante, ardente, qui
a vu la Catnargo de Lancret et s’en souvient ; The Harvest Wagon,
Coast Scene, Dragging Nets (collections de lord Tweedmouth et
G. Gould). C’est le dilettantisme, plus incertain, de Raeburn, qui
n’est pas toujours le maître fort et simple de la Tête d'invalide au
Louvre, qui recherche souvent les élégances, parfois même le style
à la David [Two Boys and Landscape, collection L. Hirsch); le dilet-
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ouvrages qui fixent leurs noms dans nos souvenirs : Mlle Duneufger-
main, avec un Maréchal de Saxe (collection du comte Louis Mniszech) ;
Melling, avec trois portraits de la famille de Dartein (collection Henri
de Dartein) ; Monnet, Le Maréchal de Mailly (musée de Perpignan) ;
Sablet, Le Comte d'Artois, en pied, 1774 (collection du comte de
Bourbon-Chalus) ; etc. On y trouve encore Heinsius, Tischbein,
Roslin, Michel Vanloo, Avcd, de Troy, Liotard, Duplessis, Le Paon,
Danloux, bien d’autres, représentés par des œuvres intéressantes,
parfois inattendues. Et si l’on constate que la période révolution-
naire et la période impériale sont peut-être plus richement encore
illustrées par une série incroyable de portraits, scènes militaires,
batailles, esquisses, nous donnant tout le mouvement de la peinture
depuis 1789 jusqu’à 181 S, on se prendra à regretter que cette collec-
tion, vraiment nationale, se doive disperser si vite, comme les
autres ; elle méritait une étude attentive, que l’espace ne nous
permet point de faire.
A s’en tenir au xvme siècle, et comme point de comparaison
avec nos portraitistes, on n’oubliera pas non plus les artistes anglais,
leurs contemporains, dont le pavillon de la Grande-Bretagne avait
recueilli les ouvrages. Nous avons pu là, sur quelques excellents
spécimens, admirer la variété de leurs dilettantismes. C’est le dilet-
tantisme studieux et robuste de Reynolds, évoluant tour à tour,
avec une versalité passionnée, qui reste pourtant toujours très
personnelle et très reconnaissable, dans le sillage de Titien et des
Italiens, dans celui de van Dyck, de Watteau, voire même de Vanloo
et de Greuze (Marchioness of Lothian, collection Gould). C’est le
dilettantisme, moins apparent d’abord, parce qu’il est plus souple
et plus libre, mais peut-être plus mobile encore et plus avisé, de
Gainsborough, incomparable portraitiste et paysagiste incomparable,
aussi inégal qu’il est parfois imprévu : — Portrait de Mme Vigée-
Lebrun, curieux à rapprocher du même portrait par David, à l’Ex-
position centennale (collection Léopold Hirsch) ; Mrs Fitz-Herbert
(collection Sanderson), d’une grâce souriante et mystérieuse;
Mme Baccelli, une danseuse italienne, brune, pétulante, ardente, qui
a vu la Catnargo de Lancret et s’en souvient ; The Harvest Wagon,
Coast Scene, Dragging Nets (collections de lord Tweedmouth et
G. Gould). C’est le dilettantisme, plus incertain, de Raeburn, qui
n’est pas toujours le maître fort et simple de la Tête d'invalide au
Louvre, qui recherche souvent les élégances, parfois même le style
à la David [Two Boys and Landscape, collection L. Hirsch); le dilet-