Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 24.1900)

LE DON HAYEM AU MUSÉE DU LUXEMBOURG S95

Chacune des aquarelles magistrales pourrait suggérer un monde de
réflexions analogues, philosophiques ou techniques, car on ne prête
qu’aux riches : mais, ici même, après le peintre-penseur qui ne
délaissait sa palette subtile et l’atmosphère lamartinienne du Golfe
de Naples que pour interroger assidûment le plus mystérieux de

LISEUSE, DESSIN PAR M. FA N TI N-LATOUR
(Musée du Luxembourg.)

ses aînés, — que glaner encore au sujet de Gustave Moreau ?

Aussi bien, le don Ilayem révèle l’aquarelliste à la foule; et
l’aquarelliste fut peut-être, chez Gustave Moreau, supérieur au
peintre; sans les aquarelles, l’artiste restait le maître d'Orphée,
sonnet parnassien détaché de Trophées glorieux, mais inédits...
Claude Lorrain composait avec des sépias son Livre de vérité ; Gustave
Moreau, par ses aquarelles, formait insensiblement son livre de
poésie ; ces petites pages rappellent les grandes dates lointaines,
événements de nos Salons que la critique avait soulignés : Œdipe