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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 1
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Maeterlinck, Louis: La satire animale dans les manuscrits flamands
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0170
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LA SATIRE ANIMALE FLAMANDE

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lièvres, de canards où l’on reconnaît également la représentation
satirique des diverses passions des hommes.

Ce que fut la satire animale dans la Gaule Belgique aux époques
troublées de fusion de races qui précédèrent l’avènement de l’art
médiéval proprement dit, on ne peut s’en faire une idée bien pré-
cise, car tous les monuments et manuscrits enluminés antérieurs au
vne siècle ont complètement disparu de ces contrées.

Il y a lieu de croire, cependant, que les conceptions satiriques
dans l’art marquèrent une décadence rapide des traditions antiques,
pour se rapprocher des goûts peu raffinés de la société nouvelle et
barbare d’alors. Les initiales zoomorphes peintes assez fréquentes
dans les manuscrits français du vie et du vne siècle peuvent seules
nous en donner une idée1.

Les manuscrits flamands les plus an-
ciens tels que la Vita sancti Amcindi et les
Vitæ sanctorum Belgicorum de la Biblio-
thèque de Gand, ainsi que l’Évangéliaire
de Maeseyck, qui, on le sait avec certi-
tude, fut enluminé au vme siècle par les
sœurs Iderlinde et Benilde, filles d’Ada-
lard, gentilhomme picard des environs de
Valenciennes, montrent une persistance
visible des caractères distinctifs de l’orne-
mentation que nous rencontrons dans
les fibules, boucles de ceintures et bijoux francs découverts dans le
pays. On y remarque les mêmes entrelacs, les mêmes enroulements
formés par des monstres, serpents et dragons à bec d’aigle, où l’on
ne retrouve aucun souvenir de l’esthétique romaine si longtemps im-
posée aux habitants primitifs de la Gaule du Nord.

Diverses figures d’animaux fantastiques, composant les lettrines
des manuscrits cités plus haut, présentent déjà parfois un aspect
comique où la satire n’est pas étrangère.

Une des initiales des Vitæ sanctorum Belgicorum nous offre cette
particularité, qu’au milieu des enroulements de monstres s’entre-
dévorant qui la composent nous trouvons la représentation rudimen-
taire et satirique d’une tête humaine portant une espèce de couronne.

La flguration de l’homme est très rare dans l’ornementation

1. La reproduction que nous donnons (figure 3) est faite d’après une initiale
à la fois zoomorphe et ornithomorphe d’un manuscrit franc du vin0 siècle (écri-
ture mérovingienne) provenant de l’abbaye royale de Corbie.
 
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