DOI issue:
Nr. 1
DOI article:Maeterlinck, Louis: La satire animale dans les manuscrits flamands
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0171
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
franque; on en trouve cependant quelques exemples conservés dans
nos musées. Une boucle franque trouvée à Griel1, entourée elle-
même de monstres, présente les plus grandes analogies avec cette
lettrine du vénérable manuscrit gantois.
Une autre lettrine du même recueil nous montre, parmi les enla-
cements de monstres les plus curieux, un être fantastique étrange
(fig. 4, à droite) dont le cou démesuré et plusieurs fois tordu se ter-
mine par une tête expressive où l’artiste a probablement voulu re-
présenter d’une façon satirique up des moines de son couvent. Ce
dessin mérite d’être rapproché
d’une initiale d’un autre manu-
scrit du xme siècle1 2, reproduite à
gauche de notre figure, où l’on
reconnaît encore la même tradi-
tion.
D’un autre côté, nous avons
des preuves certaines que le sou-
venir des fables antiques s’était
conservé dans nos contrées. Dès
Je xc siècle, elles étaient même
tombées dans le domaine public
et faisaient partie du folklore de
Ja Gaule septentrionale3. Celles
de Phèdre, bien avant cette épo-
que, servaient déjà de base à l ’en-
seignement latin dans les écoles
de la plupart des cloîtres de ces
mêmes provinces. Nous en trouvons des traces nombreuses dans nos
manuscrits enluminés primitifs. Le corbeau « tenant dans son bec
un fromage», ainsi que le renard qui lui tient un discours fallacieux,
voisinent avec la reproduction figurée du héron ambitieux qui finit
par se contenter d’un escargot (Petit Psautier, dit de Guy de Dam-
pierre, à Bruxelles).
Le Diurnale, manuscrit n° 9427, également conservé à la Biblio-
thèque royale de Bruxelles (ancienne Librairie de Bourgogne), nous
montre, juxtaposés, deux épisodes de la fable du renard et de la ci-
1. Reproduite dans la Gazette des Beaux-Arts, 3e pér., t. X, p. 379 (Salomon
Reinach, L’origine et les caractères de l’art gallo-romain).
2. Imperatoris Justiniani Institutiones, ms. 22 [74] de la Bibliothèque de Gand.
3. Léonard Willems, Étude sur l’Isengrinus. Gand, 1895, p. 130.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
franque; on en trouve cependant quelques exemples conservés dans
nos musées. Une boucle franque trouvée à Griel1, entourée elle-
même de monstres, présente les plus grandes analogies avec cette
lettrine du vénérable manuscrit gantois.
Une autre lettrine du même recueil nous montre, parmi les enla-
cements de monstres les plus curieux, un être fantastique étrange
(fig. 4, à droite) dont le cou démesuré et plusieurs fois tordu se ter-
mine par une tête expressive où l’artiste a probablement voulu re-
présenter d’une façon satirique up des moines de son couvent. Ce
dessin mérite d’être rapproché
d’une initiale d’un autre manu-
scrit du xme siècle1 2, reproduite à
gauche de notre figure, où l’on
reconnaît encore la même tradi-
tion.
D’un autre côté, nous avons
des preuves certaines que le sou-
venir des fables antiques s’était
conservé dans nos contrées. Dès
Je xc siècle, elles étaient même
tombées dans le domaine public
et faisaient partie du folklore de
Ja Gaule septentrionale3. Celles
de Phèdre, bien avant cette épo-
que, servaient déjà de base à l ’en-
seignement latin dans les écoles
de la plupart des cloîtres de ces
mêmes provinces. Nous en trouvons des traces nombreuses dans nos
manuscrits enluminés primitifs. Le corbeau « tenant dans son bec
un fromage», ainsi que le renard qui lui tient un discours fallacieux,
voisinent avec la reproduction figurée du héron ambitieux qui finit
par se contenter d’un escargot (Petit Psautier, dit de Guy de Dam-
pierre, à Bruxelles).
Le Diurnale, manuscrit n° 9427, également conservé à la Biblio-
thèque royale de Bruxelles (ancienne Librairie de Bourgogne), nous
montre, juxtaposés, deux épisodes de la fable du renard et de la ci-
1. Reproduite dans la Gazette des Beaux-Arts, 3e pér., t. X, p. 379 (Salomon
Reinach, L’origine et les caractères de l’art gallo-romain).
2. Imperatoris Justiniani Institutiones, ms. 22 [74] de la Bibliothèque de Gand.
3. Léonard Willems, Étude sur l’Isengrinus. Gand, 1895, p. 130.