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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
FIG. 1
Les Grecs — on en a des preuves nombreuses — étaient pas-
sionnés pour les parodies et satires de tout genre, aussi bien en litté-
rature qu’en peinture ; leurs dieux eux-mêmes n’étaient pas épargnés.
Athénée, dans Aristote, décrivant un carnaval grec, montre Gany-
mède sous la forme d’un singe revêtu d’une
robe phrygienne ; Pégase et Bellérophon
sont figurés, le premier par un âne ayant
quelques plumes collées sur le dos, le se-
cond par pm vieillard ridicule, faisant avec
l’âne le groupe le plus risible.
Arnobe, apologiste chrétien, reprochait
à ses adversaires païens leur peu de res-
pect pour leurs dieux.
Les peintures de Pompéi et d’Hercula-
num nous montrent la même facilité à tourner en dérision les
légendes les plus sacrées et les plus populaires. Tout le monde
connaît la composition découverte à Pompéi, représentant Enée
sauvant son père Anchise et entraînant le petit Ascagne, qui se trou-
vent figurés par des personnages ayant des têtes de singes cynocé-
phales (fig. 2j. On remarquera que la
représentation de ces mêmes singes,
qui figurent déjà sur les monuments
égyptiens1 les plus anciens, furent exé-
cutés fréquemment par les artistes
gaulois et fourmillent chez nos sculp-
teurs et miniaturistes au moyen âge.
M. Ed. Tudot a recueilli, il y a
quelques années, un assez grand nom-
bre de poteries gauloises, où nous
voyons les actions des hommes exécu-
tées par des animaux, principalement
par des singes, emblèmes de la laideur
physique et morale chez les Gaulois.
— Le musée de Douai conserve d’au-
tres figures satiriques, en argile blanche, parmi lesquelles on
remarque diverses caricatures de lions, de renards, de chiens, de
FIG. 2
1. Voir notre ouvrage VArt satirique dans la peinture flamande, mémoire cou-
ronné par l’Académie royale de Belgique. Gand, Librairie néerlandaise, 1903. La
plupart des illustrations de cet article ont été empruntées à ce livre et gracieu-
sement prêtées par l’Académie royale de Belgique.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
FIG. 1
Les Grecs — on en a des preuves nombreuses — étaient pas-
sionnés pour les parodies et satires de tout genre, aussi bien en litté-
rature qu’en peinture ; leurs dieux eux-mêmes n’étaient pas épargnés.
Athénée, dans Aristote, décrivant un carnaval grec, montre Gany-
mède sous la forme d’un singe revêtu d’une
robe phrygienne ; Pégase et Bellérophon
sont figurés, le premier par un âne ayant
quelques plumes collées sur le dos, le se-
cond par pm vieillard ridicule, faisant avec
l’âne le groupe le plus risible.
Arnobe, apologiste chrétien, reprochait
à ses adversaires païens leur peu de res-
pect pour leurs dieux.
Les peintures de Pompéi et d’Hercula-
num nous montrent la même facilité à tourner en dérision les
légendes les plus sacrées et les plus populaires. Tout le monde
connaît la composition découverte à Pompéi, représentant Enée
sauvant son père Anchise et entraînant le petit Ascagne, qui se trou-
vent figurés par des personnages ayant des têtes de singes cynocé-
phales (fig. 2j. On remarquera que la
représentation de ces mêmes singes,
qui figurent déjà sur les monuments
égyptiens1 les plus anciens, furent exé-
cutés fréquemment par les artistes
gaulois et fourmillent chez nos sculp-
teurs et miniaturistes au moyen âge.
M. Ed. Tudot a recueilli, il y a
quelques années, un assez grand nom-
bre de poteries gauloises, où nous
voyons les actions des hommes exécu-
tées par des animaux, principalement
par des singes, emblèmes de la laideur
physique et morale chez les Gaulois.
— Le musée de Douai conserve d’au-
tres figures satiriques, en argile blanche, parmi lesquelles on
remarque diverses caricatures de lions, de renards, de chiens, de
FIG. 2
1. Voir notre ouvrage VArt satirique dans la peinture flamande, mémoire cou-
ronné par l’Académie royale de Belgique. Gand, Librairie néerlandaise, 1903. La
plupart des illustrations de cet article ont été empruntées à ce livre et gracieu-
sement prêtées par l’Académie royale de Belgique.