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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 1
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Maeterlinck, Louis: La satire animale dans les manuscrits flamands
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0172
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LA SATIRE ANIMALE FLAMANDE

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gogne (fig. 5). D’abord la cigogne, reçue chez le renard, regarde
mélancoliquement son hôte, qui seul trouve son compte sur l’assiette
plate où il a disposé le festin. Puis, la revanche de l’oiseau, qui, à
son tour, présente le dîner au fond d’un baquet étroit et profond où
son long bec seul peut parvenir.

L’épopée animale occupa dans les communes flamandes la place
que l’épopée féodale, d’origine exclusivement française, remplissait
dans les châteaux. Beaucoup d’auteurs considèrent même que les
récits des trouvères qui donnèrent lieu à la genèse de l’ancien
Roman du Renard eurent la même origine française. 11 y aurait pour-
tant lieu d’en douter, car bien des apologues indigènes, « où les
bestes parlaient », avaient eu cours, antérieurement, en pays
flamands. Les Germains, dans leurs forêts, les Francs salions, dans
leurs camps ou leurs résidences rurales, entre la Meuse et l’Escaut,

avaient imaginé plus d’un conte où figuraient des loups, des
renards et d’autres animaux, dont ils avaient appris à connaître les
mœurs dans leurs courses ou dans leurs chasses. Dès le vne siècle,
Frédégaire raconte une fable franque où le lion tient sa cour et où
le renard déploie son machiavélisme1.

C’est d’ailleurs dans la région flamande, à l’époque où se fondè-
rent les agglomérations marchandes, c’est-à-dire au xie siècle, que
ces récits, qui circulaient épars dans la foule, subirent les transfor-
mations qui devaient leur assurer une vogue si extraordinaire. C’est
dans ces provinces que les héros de ces récits furent individualisés
et baptisés de noms d’hommes; c’est ici qu’autour de Reinard et
d’lsengrin furent créés une foule d’acteurs secondaires : Noble (le
lion), Grimbert (le blaireau), Relin (le bélier), Chanteclair (le coq),
Couard (le lièvre), Tibert (le chat), Bernard (l’âne), dont les noms,
tantôt romans, tantôt germaniques, semblent trahir par leur diversité
même l’active collaboration des deux races qui peuplent la Belgique 2.

L Stecher, Histoire de la littérature néerlandaise en Belgique, p. 40.

2. IL Pirenne, Histoire de Belgique, 1900, t. I, p. 319.

xxix. — 3e PÉRIODE.

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