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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Maeterlinck, Louis: La satire animale dans les manuscrits flamands
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0174
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LA SATIRE ANIMALE FLAMANDE

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mal personnifiant le moine pillard on le seigneur rapace, transpor-
tant deux coqs volés au bout d’une perche transversale1.

La figure 6, tirée d’un manuscrit espagnol appartenant à peu près
à la même époque, montre encore un exemple de rapine du renard
et prouve combien le roman fut vite populaire dans toute l’Europe.

Une initiale zoomorphe dans un manuscrit français du xe siècle2,
nous montre la lutte satirique entre le paon aristocratique et deux
renards démocrates, qui se mettent en devoir d’étrangler le roi de
la basse-cour.

Plus tard, les grandes initiales du xie et du xue siècle donnèrent
lieu aux combinaisons les plus fantaisistes et aux créations les plus
extravagantes. Nous y voyons s’entremêler les monstres les plus
bizarres, ainsi que toutes sortes d’animaux et d’oiseaux à figures
humaines, tantôt luttant et se poursuivant, tantôt dévorant ou
dévorés, grimpant et se cachant
dans les enroulements compli-
qués de feuillages convention-
nels.

A ces époques primitives,
c’est le grotesque qui prévalut,
aux dépens du genre satirique
proprement dit. Ce n’est que
vers le xmc siècle que nous voyons la satire graphique se développer
de la façon la plus complète. Les sujets familiers, si fréquents dans
les encadrements de pages de cette époque, succèdent aux initiales
isolées des siècles précédents, reflétant de la façon la plus curieuse
la vie populaire et politique du peuple flamand.

Nous y trouvons, surtout, un écho des revendications sociales des
prolétaires de ce pays, non plus dirigées, comme au xne siècle, contre
les prélats et les nobles, mais bien contre tous les riches indistinc-
tement.

Il est vrai que le contraste, alors, était grand entre la poortery
patricienne et le reste de la population. La différence de fortune
avait mis entre ces deux classes de la société une barrière infran-
chissable rendant tout contact impossible3. Les patriciens avaient
pris le titre de Heeren ou damoiseaux ; ils habitaient des steenen
couronnés de créneaux et élevaient orgueilleusement leurs tourelles

1. T. II. Wrigth, Histoire de la caricature, p. 81.

2. Voir le grand ouvrage de Le Bastard, Initiales zoomorphes.

3. H. Pirenne, op. cit., t. I.

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