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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 1
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Bénédite, Léonce: J.-J. Henner, 5: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0060
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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bas. Les arbres sont d’une fraîcheur dont rien n’approche. Us se
détachent avec une très grande vigueur sur le ciel. Le bas de la
Villa Borghèse se trouve inondé de brouillard bleuâtre qui ressemble
à un lac et est du plus bel effet. Il paraît faire passablement frais.
Los carreaux suent, en gelée blanche comme les carrés de notre
jardin. La température est tellement pure qu’on peut distinguer
jusqu’aux moindres détails, dans les montagnes au loin. Je re-
marque que les oranges paraissent déjà comme des houles d’or
dans leur sombre verdure. »

Et il ajoute un peu plus bas : « Je viens de jeter un coup d’œil
sur Rome. C’est admirable. Le soleil dore les pans de murs et les
monuments les plus élevés. Le reste est dans un ton bleu impercep-
tible. Au-dessus de la mer, il y a une espèce de brouillard rouge.
On entend le son du tambour. Au lointain quelques cloches de
couvent. Le soleil réchauffe tout doucement la loge. C’est un vrai
délice. »

Un samedi matin de janvier (?) 1860, il lève la tête en écrivant,
suivant son habitude, vers sa fenêtre : « En ce moment-ci j’aperçois
un ciel de toute beauté au-dessus du Monte Mario. 11 y a des
traînées de bleu verdâtre clair et par-dessus d’épais nuages gris en
haut et en bas, immédiatement entre le nuage gris et le ciel bleu,
il y a une traînée d’un petit nuage long, comme du blanc doré.
Tout se détache en vigueur sur le ciel gris. Les nuages gris dans
le bas paraissent tellement épais qu’on pourrait marcher dessus,
fis semblent formel* des montagnes, des vallées. »

A Venise, ce qui le frappe le lendemain de son arrivée, « ce
matin, 30 août », en se levant, « ce sont les volets rouges quelque-
fois raccommodés de planches de sapin neuf. Sur le mur gris c’esl
d’une harmonie charmante. Les toits aussi sont d'un roux blond très
distingué, un peu de la couleur des cheveux des femmes de Titien et
de Véronôse... J’entends le chant des poules et des coqs qui font
un vacarme épouvantable dans la maison d’en face. J’ai un canal
qui passe au bas de mes fenêtres. Je me suis levé exprès de bonne
heure ce matin pour voir le monde aux fenêtres, mais rien ! tout est
d'une tristesse inouïe... » Et il revient encore sur ces toits rouges :
« Ces toits rouges avec les murs blancs gris, les volets, tout cela me
rappelle l’harmonie des fresques du Titien que nous avons vues
hier à Padoue à la Scuola del Santo... »

Et, pour terminer ces citations, cette page si fraîche et si émue
qu il écrit à Goutzviller, le 3 décembre 1861 :
 
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