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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 39.1908

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Nr. 2
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Gayet, Albert: Les portraits d'Antinoe͏̈
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https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0133
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

même, vivre et renaître à l’aurore cUun autre matin. On creusa
donc son tombeau à l’ouest, dans cet horizon derrière lequel l’astre
tombait ; on y bâtit une chapelle, on y célébra un office, complexe
pour nous, mais qui correspondait à merveille à l’idée que le fidèle
se faisait des principes qu’il supposait réunis en lui.

Ces éléments, au nombre de quatre, c’était le corps matériel,
mais qui devait demeurer impérissable; le Double, la personnalité
psychique, projection colorée de l’individu, mais n’en demeurant
pas moins modelé à sa ressemblance absolue ; le Khou, l’essence
vitale et l’âme. A la mort, ils se séparaient. Le corps, protégé par
l’embaumement, allait reposer dans « la demeure éternelle d’Occi-
dent » ; le Double, qui ôtait né en même temps que lui, et qui, aus-
sitôt, s’était envolé vers une région cachée du ciel, d’où il avait
gouverné l’être terrestre, « mettant à chaque minute l’intluence
magique à sa nuque », si bien que celui-ci n’est plus, à proprement
parler, qu’un support, auquel seul l’acte est dévolu, quittait alors le
royaume céleste, pour venir habiter auprès de la momie, dans la
tombe et s’unir à elle en une seconde existence, analogue à ce que
devait être celle du soleil éclipsé. Le Khou, la parcelle de feu, se
séparait pour toujours de ses anciens compagnons; descendue du
foyer solaire, pour animer la créature, elle y remontait, s’y puri-
fiait, et redescendait en des corps nouveaux. L’âme enfin, après
des séries de transformations, parvenait aux régions bienheureuses.
Elle les quittait cependant quelquefois, pour venir dans le caveau,
auprès de ceux dont elle se trouvait séparée par le cours de ses
pérégrinations.

Ce fut cependant de son Double que l'Egyptien prit le plus de
soin : sa personnalité psychique se trouvait plus proche de lui que
son âme. Pendant plus de trois mille ans, d’ailleurs, elle fut sa
seule espérance, sa seule foi. Juste ou injuste, bon ou méchant,
chacun pouvait y prétendre, pourvu que les cérémonies prescrites
par le rituel eussent été accomplies à l'heure des funérailles. Et,
de même que l’individu encore, ce Double était sujet aux même
besoins. Il avait faim ; il avait soif; il lui fallait des vêtements, une
demeure. Tout cela fictif, peint ou sculpté sur les murailles de sa
syringe, mais qui se transformait par la récitation des prières sacra-
mentelles et devenait, pour un instant, réel.

Fantasmagorie magique, soit, mais bien adaptée à cette vie de
fantôme. Une condition était essentielle pourtant : il fallait encore
au Double s’appuyer à la momie, celle-ci lui servant de support
 
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