Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 39.1908)

NICOLAS ROEHRICH

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tionnels ou les complétant de leur invention, ils ont perpétué la
« Russie de bois», source de toute originalité de construction et de
décor; si précaire cette Russie soit-elle en raison de la fragilité de
ses matériaux, c’est là encore que s’en retrouvent les échantillons
les plus vieux. Cette authentique Russie est celle des gouverne-
ments dans lesquels purent être recueillies aux lèvres des chanteurs
populaires nos vieilles chansons épiques, ceux dans lesquels la
légende et ses formations reste, même aujourd’hui, principalement

HOTES D’OUTRE-ME R, PAR M. NICOLAS RŒHRICH
(Galerie impériale de Tsarkoié-Sselo).

vivace. La terre se trouve là adorablement vieille et, par endroits,
loin des îlots bâtis des monastères et des villages, loin du foisonne-
ment des tumulus anté-historiques (sinon préhistoriques), elle peut
sembler vierge encore. Si l’homme y passa, au moins l’a-t-il très
peu changée. Multiples sont les points où il continue de vivre,
presque aussi simplement, aussi patriarcalement, qu’il faisait à l’âge
de la pierre, occupé de chasse et de pêche ou de la première culture,
limitée, des céréales. Si simple que soit sa vie, il a pourtant son luxe
à lui, sa recherche de couleurs préférées, ses ornements aimés ; il
a ses joies, attendrissantes de naturel irréductible et de primitivité.
On peut en ce coin de terre évoquer toute l’histoire de la région,
car tout y subsiste et y survit étonnamment. L’archéologie y suffit
presque seule à expliquer le passé, et, avec quelque choix, un peu

XXXIX. — 38 PÉRIODE.

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