DOI issue:
Nr. 4
DOI article:Batiffol, Louis: Les origines du palais Mazarin
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24866#0308
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
affaires, faisait rapporter Ja procédure engagée contre Mazarin.
Colbert écrivait à celui-ci le 1er novembre : « Je fais sortir toutes les
personnes que M. Tubeuf avait logées dans le palais de Votre Emi-
nence et ferai nettoyer partout1. » A son tour, le cardinal revenait
le 3 février 1653 et petit à petit reconstituait ses collections et sa
bibliothèque2.
1. P. Clément, Lettres de Colbert, t. I, p. 498.
2. Cette reconstitution fut remarquable (cf. Loret, La Muse historique, 9 mai
1634, p. 53; Comte de Cosnac, Les Richesses du Palais Mazarin, p. 169 et suiv.).
Pour juger du résultat, il n’est que de lire Sauvai qui relève dans le Palais
Mazarin plus de 400 bustes et statues antiques et 500 tableaux de 120 maîtres,
dont 7 toiles de Raphaël et 28 de Van Dyck (Antiquités de la ville de Paris, t. 11,
p. 175), ou de parcourir l’inventaire, dressé en 1653, du mobilier du même
palais (Duc d’Aumale, Inventaire de tous les meubles du cardinal Mazarin dressé en
1653, Londres, 1861, in-8°). Nous n’avons rien dit de la distribution intérieure
du Palais Mazarin. Cette question est obscure. Nous n’avons pu retrouver de
plan contemporain. Le document qui pourrait nous renseigner est l'inventaire
de l'immeuble fait par Levau et Viledo en 1661 après la mort du cardinal (publié
par IL Lacaille, op. cit., p. 330). Le texte de ce procès-verbal est incomplet et
confus. Voici ce qu’on peut en tirer : au rez-de-chaussée, au centre, est le ves-
tibule menant au perron du jardin, puis d’un côté une grande salle de cinq tra-
vées (les travées s’entendent des poutres du plafond), de l’autre côté une anti-
chambre et une chambre d’audience; le tout à plafonds de bois sculptés, peints,
dorés, avec des enfants sculptés portant les armes de Mazarin, les murs cou-
verts de boiseries peintes et dorées; le sol pavé en pierre de Caen. Au premier
étage toujours de Ja partie centrale, est une grande salle de cinq travées de
poutres, à solives apparentes, murs revêtus de boiseries peintes, sol parqueté ;
puis une antichambre (peut-être la pièce actuelle du milieu de la façade, dont
il ne subsiste qu’un plafond à compartiments peints vraisemblablement par
Simon Vouet) et une chambre dont le plafond est de boiserie sculptée, peinte,
dorée, offrant un sujet de peinture au centre et quatre autres aux coins, œuvres
de l’Albane ; ici encore les murs couverts de boiseries peintes, dorées et le sol
parqueté. Dans l’aile qui est à gauche, en entrant dans la cour, on pénètre par
une porte située au point de raccordement de l'aile et du corps de logis prin-
cipal; on trouve, au rez-de-chaussée: un passage, une salle attenante, une
pièce dite vestibule, puis une salle du conseil ; au premier étage au-dessus :
« une chambre à coucher parquetée, dorée et enrichie de peintures » (la pièce
existe encore, ce serait la seule qui subsisterait intacte de tout l’hôtel) et, à la
suite, quatre autres pièces dont trois à boiseries dorées et peintes, la dernière
peinte de grisailles et carrelée. Puis, en revenant vers la façade donnant sur le
jardin : un escalier, une chambre à alcôve et un cabinet, tout ceci difficile à
situer. 11 manque à cette description de Le Vau les entresols et l'aile droite.
On pourrait ajouter à cette description les détails fournis par un compte
de vitres du Palais Mazarin, daté du 18 février 1654 et conservé à la Bibliothèque
Nationale (nouv. acq. fr. 21 194). D’après ce document, l’aile, à droite en entrant,
comprend, au rez-de-chaussée : des chambres de valets de pied, cuisines et offices
en entresol; au premier étage, l’appartement d’un personnage attaché au car-
dinal et comptant; antichambre, chambre, cabinet et garde-robe. Au point oii
l’aile rejoint le bâtiment central du fond, se trouve le grand escalier du palais,
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affaires, faisait rapporter Ja procédure engagée contre Mazarin.
Colbert écrivait à celui-ci le 1er novembre : « Je fais sortir toutes les
personnes que M. Tubeuf avait logées dans le palais de Votre Emi-
nence et ferai nettoyer partout1. » A son tour, le cardinal revenait
le 3 février 1653 et petit à petit reconstituait ses collections et sa
bibliothèque2.
1. P. Clément, Lettres de Colbert, t. I, p. 498.
2. Cette reconstitution fut remarquable (cf. Loret, La Muse historique, 9 mai
1634, p. 53; Comte de Cosnac, Les Richesses du Palais Mazarin, p. 169 et suiv.).
Pour juger du résultat, il n’est que de lire Sauvai qui relève dans le Palais
Mazarin plus de 400 bustes et statues antiques et 500 tableaux de 120 maîtres,
dont 7 toiles de Raphaël et 28 de Van Dyck (Antiquités de la ville de Paris, t. 11,
p. 175), ou de parcourir l’inventaire, dressé en 1653, du mobilier du même
palais (Duc d’Aumale, Inventaire de tous les meubles du cardinal Mazarin dressé en
1653, Londres, 1861, in-8°). Nous n’avons rien dit de la distribution intérieure
du Palais Mazarin. Cette question est obscure. Nous n’avons pu retrouver de
plan contemporain. Le document qui pourrait nous renseigner est l'inventaire
de l'immeuble fait par Levau et Viledo en 1661 après la mort du cardinal (publié
par IL Lacaille, op. cit., p. 330). Le texte de ce procès-verbal est incomplet et
confus. Voici ce qu’on peut en tirer : au rez-de-chaussée, au centre, est le ves-
tibule menant au perron du jardin, puis d’un côté une grande salle de cinq tra-
vées (les travées s’entendent des poutres du plafond), de l’autre côté une anti-
chambre et une chambre d’audience; le tout à plafonds de bois sculptés, peints,
dorés, avec des enfants sculptés portant les armes de Mazarin, les murs cou-
verts de boiseries peintes et dorées; le sol pavé en pierre de Caen. Au premier
étage toujours de Ja partie centrale, est une grande salle de cinq travées de
poutres, à solives apparentes, murs revêtus de boiseries peintes, sol parqueté ;
puis une antichambre (peut-être la pièce actuelle du milieu de la façade, dont
il ne subsiste qu’un plafond à compartiments peints vraisemblablement par
Simon Vouet) et une chambre dont le plafond est de boiserie sculptée, peinte,
dorée, offrant un sujet de peinture au centre et quatre autres aux coins, œuvres
de l’Albane ; ici encore les murs couverts de boiseries peintes, dorées et le sol
parqueté. Dans l’aile qui est à gauche, en entrant dans la cour, on pénètre par
une porte située au point de raccordement de l'aile et du corps de logis prin-
cipal; on trouve, au rez-de-chaussée: un passage, une salle attenante, une
pièce dite vestibule, puis une salle du conseil ; au premier étage au-dessus :
« une chambre à coucher parquetée, dorée et enrichie de peintures » (la pièce
existe encore, ce serait la seule qui subsisterait intacte de tout l’hôtel) et, à la
suite, quatre autres pièces dont trois à boiseries dorées et peintes, la dernière
peinte de grisailles et carrelée. Puis, en revenant vers la façade donnant sur le
jardin : un escalier, une chambre à alcôve et un cabinet, tout ceci difficile à
situer. 11 manque à cette description de Le Vau les entresols et l'aile droite.
On pourrait ajouter à cette description les détails fournis par un compte
de vitres du Palais Mazarin, daté du 18 février 1654 et conservé à la Bibliothèque
Nationale (nouv. acq. fr. 21 194). D’après ce document, l’aile, à droite en entrant,
comprend, au rez-de-chaussée : des chambres de valets de pied, cuisines et offices
en entresol; au premier étage, l’appartement d’un personnage attaché au car-
dinal et comptant; antichambre, chambre, cabinet et garde-robe. Au point oii
l’aile rejoint le bâtiment central du fond, se trouve le grand escalier du palais,