L’ART FRANÇAIS ET LA SUÈDE DE 1 6 37 A 1804 217
la chapelle, qui demandaient beaucoup de pratique. Il rappelait
que son fils était à l’étranger, achevant ses études et qu’il fallait
encore compter deux ans avant qu’il fût en mesure de diriger de
semblables entreprises.
Enfin, en 1727, le Parlement décida de reprendre la construc-
tion du château. L’année suivante, Nicodème Tessin mourut. Son
fils, Carl-Gustave, rappelé d’Italie, lui succéda avec le titre de surin-
tendant des Bâtiments1. Il fut aidé dans sa tâche par un jeune
homme, plus jeune que lui de cinq ans, Cari Hârleman2, qu’il trouva
déjà installé à son arrivée avec le titre d’intendant de cour.
C.-G. Tessin se reposera très souvent sur lui et lui laissera même la
plus grosse part de l’ouvrage. Il commença par lui confier une
mission particulièrement délicate dans laquelle il lui fallut faire
preuve d’autant de tact que de sûreté d’appréciation. Cette mission
consistait à se rendre à Paris pour y faire choix d’un certain
nombre d’artistes qui voulussent venir à Stockholm continuer
l’œuvre de Fouquet et des Chauveau.
La principale difficulté qu’Hârleman rencontra fut à ne pas
dépasser les subsides consentis par la Commission de construction
du Château. Cette commission avait été .imposée au vieux Nicodème
Tessin dont on redoutait les prodigalités dans un moment difficile
pour le royaume. Elle était chargée de régler les dépenses après les
avoir acceptées. Et elle ne les acceptait jamais sans, au préalable,
une discussion très serrée. Enfin, après bien des efforts, Hârleman
regagna la Suède avec neuf artistes qui avaient consenti à le suivre3.
Dès lors, on pouvait continuer l’œuvre de Nicodème Tessin.
Pour la construction, il n’y avait qu’à suivre les plans laissés par
le vieil architecte; pour l’aménagement intérieur, les Français
allaient s’en charger. C’étaient les peintres Thomas Taraval, Nicolas
Deslaviers et Lambert Donnay; les sculpteurs Antoine Belletle,
Michel Lelièvre, Charles Buste, Nicolas Varin, Nicolas Léger et
Pierre David.
Les artistes suédois qui travaillaient à cette époque étaient
d’ordre très inférieur. L’école des Beaux-Arts, qui avait été fondée par
la reine-mère Edvige-Eléonore, était déjà du passé. La mort d’Ehren-
1. C.-G. Tessin, né en 1693, mort en 1770. 11 acheva également, d'après les
plans de son père, le château de Christianborg à Copenhague.
2. C. Hârleman, né en 1700, mort en 1753.
3. Voir, pour plus de détails, mon article dans le Correspondant du 25 juil-
let 1908.
la chapelle, qui demandaient beaucoup de pratique. Il rappelait
que son fils était à l’étranger, achevant ses études et qu’il fallait
encore compter deux ans avant qu’il fût en mesure de diriger de
semblables entreprises.
Enfin, en 1727, le Parlement décida de reprendre la construc-
tion du château. L’année suivante, Nicodème Tessin mourut. Son
fils, Carl-Gustave, rappelé d’Italie, lui succéda avec le titre de surin-
tendant des Bâtiments1. Il fut aidé dans sa tâche par un jeune
homme, plus jeune que lui de cinq ans, Cari Hârleman2, qu’il trouva
déjà installé à son arrivée avec le titre d’intendant de cour.
C.-G. Tessin se reposera très souvent sur lui et lui laissera même la
plus grosse part de l’ouvrage. Il commença par lui confier une
mission particulièrement délicate dans laquelle il lui fallut faire
preuve d’autant de tact que de sûreté d’appréciation. Cette mission
consistait à se rendre à Paris pour y faire choix d’un certain
nombre d’artistes qui voulussent venir à Stockholm continuer
l’œuvre de Fouquet et des Chauveau.
La principale difficulté qu’Hârleman rencontra fut à ne pas
dépasser les subsides consentis par la Commission de construction
du Château. Cette commission avait été .imposée au vieux Nicodème
Tessin dont on redoutait les prodigalités dans un moment difficile
pour le royaume. Elle était chargée de régler les dépenses après les
avoir acceptées. Et elle ne les acceptait jamais sans, au préalable,
une discussion très serrée. Enfin, après bien des efforts, Hârleman
regagna la Suède avec neuf artistes qui avaient consenti à le suivre3.
Dès lors, on pouvait continuer l’œuvre de Nicodème Tessin.
Pour la construction, il n’y avait qu’à suivre les plans laissés par
le vieil architecte; pour l’aménagement intérieur, les Français
allaient s’en charger. C’étaient les peintres Thomas Taraval, Nicolas
Deslaviers et Lambert Donnay; les sculpteurs Antoine Belletle,
Michel Lelièvre, Charles Buste, Nicolas Varin, Nicolas Léger et
Pierre David.
Les artistes suédois qui travaillaient à cette époque étaient
d’ordre très inférieur. L’école des Beaux-Arts, qui avait été fondée par
la reine-mère Edvige-Eléonore, était déjà du passé. La mort d’Ehren-
1. C.-G. Tessin, né en 1693, mort en 1770. 11 acheva également, d'après les
plans de son père, le château de Christianborg à Copenhague.
2. C. Hârleman, né en 1700, mort en 1753.
3. Voir, pour plus de détails, mon article dans le Correspondant du 25 juil-
let 1908.