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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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Nr. 3
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Lespinasse, Pierre: L' art français et la Suède de 1637 à 1804
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0230

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216

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

mort de Charles XI, le trésor était plein; vers 1710, il est presque
vide. Les travaux sont délaissés parce que la main-d’œuvre et les
matériaux sont chers et que l’état des finances ne permet pas de
distraire des recettes les sommes qui seraient indispensables.

Lorsque Charles XII meurt en 1718, peut-être assassiné, le
royaume ne demande que la paix. Il sera plusieurs années à se
relever de sa pénible situation. Il y faudra beaucoup de prudence et
les beaux-arts s’en ressentiront.

C’est ainsi que prit fin la première période active de notre
iniluence. Quand je dis « influence », j’entends parler de ce rayonne-
ment général de l’esprit et du goût français, prééminents alors en
Europe, rayonnement qui se manifesta en Suède par l’appel
d’artistes parisiens à Stockholm. Nous venons devoir succinctement
quels furent l’effort dépensé, l’œuvre réalisée, la leçon offerte. Une
compréhension, une émulation furent-elles éveillées dans les intel-
ligences Scandinaves? Non. La cour admira par snobisme ou par
engouement, la bourgeoisie voulut ignorer et fut hostile. Son état
d’esprit est alors le même qu’au temps où Bochard le dépeignait. Les
artistes médiocres qui suivirent ne veulent pas de la culture fran-
çaise; ils s’opiniâtrent jalousement dans des principes démodés,
dans une technique rudimentaire et maladroite. Plus tard, lorsque
les élèves formés naîtront au sens de la beauté, une conception
nouvelle, de grâce et de fraîcheur, aura remplacé celle de Fouquet
et de Chauveau et sa sévérité imposante. Le style Louis XV régnera,
bientôt détrôné lui-même par le néo-antique; l’art Louis XIV ne
sera plus qu’un souvenir ridicule; les jeunes artistes ne connaîtront
les premières œuvres françaises du Château royal que pour s’en
écarter, comme du modèle à ne pas suivre. Ce qui reste de ces œuvres
à notre époque n’est plus pour nous qu’une page d’histoire, une mani-
festation sans importance, une apparition du style baroque qui fut
sans lendemain et sans action.



* *

De 1718 à 1727, Nicodème Tessin adressa au roi et même direc-
tement aux États du royaume des rapports pressants sur la nécessité
de reprendre l'œuvre commencée, puis abandonnée. Il fit des
démarches nombreuses tendant à se faire accorder les moyens suffi-
sants. Il invoque son âge avancé, la difficulté du travail à accom-
plir, notamment des deux grands escaliers, de la salle des États, de
 
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