Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 4.1910)

l’adoration des mages, bas-relief, PIN DU XIIe SIÈCLE
(Eglise Saint-Trophime, Arles.)

LES ROIS MAGES ET LE DRAME LITURGIQUE

Un Allemand, M. Hugo Kehrer, vient de consacrer deux
volumes à l'iconographie des Mages1. L’Allemagne entre
enfin dans un ordre d’études dont jusqu’à présent elle avait
peu compris l’intérêt, et elle y apporte ses qualités ordinaires de
patience et d’érudition. Le livre de M. Kehrer est remarquable,
mais ce n’est pas, comme on l’a dit un peu vite, un livre définitif.
Si vaste que soit le savoir de l’auteur, il a ses limites; il connaît
peu les monuments de la France et il ne connaît pas du tout les
monuments de l’Espagne. Ce n’est pas non plus un livre bien com-
posé : il est à peine croyable que M. Hugo Kehrer, se proposant
d’expliquer les monuments par les textes, ait réuni tous les textes
dans un volumé et tous les monuments dans un autre. Cette méthode
naïve témoigne de plus d’application que de force d’esprit.

Mais il y aurait mauvaise grâce à insister sur les défauts d’un
livre précieux par les résultats nouveaux qu’il apporte. L’idée la
plus intéressante de ces deux volumes, celle qui mérite le mieux
d’être mise en lumière, est que c’est le drame liturgique qui a
complètement renouvelé à la fin du xn° siècle l’iconographie de l’Ado-
ration des Mages. Ce n’est pas moi qui songerai à m’en étonner ; je
suis trop convaincu de l'influence que le théâtre a exercée sur l’art
du Moyen âge à toutes les époques, pour ne pas trouver l’affirmation

I. Hugo Kehrer, Die heiligen drei Kônige in Literatur und Kunst. Leipzig,
E.-A. Seemann, édit., 1909, 2 vol. in-4.

IV.

4' PÉRIODE.

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