Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 4.1910)

U BRUGES MYSTIQUE

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PAR M. ÉMILE LEQUEUX1 2

Ce n’est point sans raison que M. Émile
Lequeux intitule Bruges mystique la suite
de pointes sèches qu’il édite aujourd’hui.
Bruges, malgré son réveil, restera tou-
jours enveloppée pour nous du silence et
de la foi qu’aimait eu elle son poète. On
sait l’attrait qu’exercent sur les sensibi-
lités ces vieilles cités du Nord à demi-
mortes : les choses mêmes ont
l’air rêvées et les canaux qui les
reflètent prolongent, en les ren-
dant plus irréelles, des images
qui semblent des souvenirs. Telle
planche de M. Lequeux [Le Beffroi,
Le Soir sur les canaux, Petite
chapelle"-) traduit avec discrétion
cette tristesse grise. La nuit des-
cend avec la bruine sur les vieilles
maisons et sur le canal. Parallèles
et serrées, de petites lignes légères ont creusé le cuivre; pas de
noirs violents, pas de blancs purs. Le ciel où montent le beffroi
et les troncs des arbres séculaires (Le Béguinage) demeure uni et
sans éclat, comme les façades. On retrouve dans les planches de
M. Lequeux le silence et la pluie, qui sont, avec la voix des cloches,
les grands thèmes du livre de Rodenbach.

1. Un album de quinze planches à la pointe sèche, tiré à 60 exemplaires sur
Japon à la forme, dont dix avec états et un dessin original. En vente chez l’auteur,
86, boulevard des Batignolles.

2. Voir Gazette des Beaux-Arts, septembre 1909.