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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 4.1910

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Nr. 3
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Lespinasse, Pierre: L' art français et la Suède de 1637 à 1804
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https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0240

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226

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

qu’une place secondaire et leur présence est, pour ainsi dire, un
accident. Parmi ceux-ci sont les peintres Masreliez, qui décora le
Palais dii Prince, Le Monnier, qui peignit des portraits au pastel et
en miniature, et surtout Desprez, qui fut au service de Gustave III
de 1783 à sa mort, survenue en 1804.

Desprez peignit surtout des décors de théâtre et régla des diver-
tissements. Il fut à la fois peintre, architecte et sculpteur. Il a même
dédié à Frédéric Y, alors kronprinz, un ouvrage intitulé : Diffé-
rents projects (VI) d'une salle de spectacle suposé isolée au milieu
d'une place publique, composés par Jean-Louis Després, architecte du
roi. Desprez avait un réel talent, qui le dirigea vers des œuvres
sérieuses dans lesquelles nous pouvons le juger aujourd’hui. Son
œuvre la plus importante est le pavillon de Haga, charmante petite
construction de style Louis XVI.

Par la suite, le style Empire s'imposera un moment, ce qui ne
saurait surprendre; puis l’influence allemande succédera à l’influence
française, jusqu’au jour où l’école de Barhizon viendra réveiller une
fois de plus chez les peintres suédois l’affection pour notre art.

Maintenant, la personnalité suédoise s’est complètement dégagée,
elle est le fruit des efforts de tout un siècle. Après avoir laborieu-
sement étudié, consciencieusement copié, intelligemment imité, les
artistes, progressant de génération en génération, ont appris à voir
par eux-mêmes. Ayant conquis l’habileté de la main, la sûreté de
l’œil, ils ont compris qu’ils avaient mieux à faire que de reproduire
les styles étrangers, quelque élégants qu’ils soient. Comme ils
avaient jadis, à notre suite, scruté l’antique latine, ils se sont mis
à fouiller la leur. L’archéologie Scandinave a fourni aux peintres,
aux sculpteurs, aux architectes, des thèmes et des formes qu’ils ont
su mettre admirablement en valeur. Ils ont su rendre les aspects
de leur nature avec talent et sincérité. L’art suédois est à l’heure
actuelle parmi les plus estimés, et il me paraît juste que nous en
soyons fiers. C’est notre art qui a donné la vie à cet art, qui a guidé
ses premiers débuts, et maintenant il se développe, sain et puissant.
Mais, pour aussi libéré qu’il paraisse de toute entrave, pour aussi
loin qu’il soit de toute servilité, et s’il s’est rendu indépendant des
anciens éducateurs, s’il est devenu l’expression d’un autre idéal, la
pensée d’une autre race, nous tenons quand même à lui comme il
tient à nous, par toutes les forces indestructibles du passé.

P. LESPINASSE
 
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