DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:Saunier, Charles: Monsieur Auguste, 2: un artiste romantique oublié
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.24874#0061
UN ARTISTE ROMANTIQUE OURLII
MONSIEUR AUGUSTE
(deuxième article1)
uand Jules-Robert Auguste s’installa définitivement à Paris,
il approchait de la trentaine. C’était un homme plutôt grand,
de figure distinguée et de manières exquises. Ses façons se
ressentaient du xvinc siècle. Toutefois sa politesse parfaite et son
affabilité très réelle n’allaient pas sans quelque froideur, froideur
calculée qui permettait d’esquiver le contact des indifférents et des
maladroits. Seule lui demeurait une élite qui, attirée par la cor-
rection de l’homme, son grand goût, son fin sentiment de l’art,
mais intimidée par son abord, ne se départit jamais d’une déférence
respectueuse et la manifesta en ne manquant jamais d’accoupler à
son nom le préfixe : Monsieur.
« Monsieur Auguste », — ainsi l’appellera-t-on désormais, —
s’installa rue des Martyrs, 1 1. Dans le même immeuble, se trouvait
l’atelier d’IIorace Vernet qu’il connaissait de longue date et qui
avait, de même que lui, le souci de fashion et la passion des sports
et particulièrement du cheval. Géricault demeurait au 23, mais une
porte pratiquée dans le mur d’un jardin permettait aux trois amis
d’aller directement l’un chez l’autre sans passer par la rue.
M. Auguste rapportait de ses voyages de magnifiques armes
arabes, marocaines, albanaises et persanes, et aussi des étoffes, des
1. V. Gazette des Beaux-Arts, 1910, t. I, p. 441.
MONSIEUR AUGUSTE
(deuxième article1)
uand Jules-Robert Auguste s’installa définitivement à Paris,
il approchait de la trentaine. C’était un homme plutôt grand,
de figure distinguée et de manières exquises. Ses façons se
ressentaient du xvinc siècle. Toutefois sa politesse parfaite et son
affabilité très réelle n’allaient pas sans quelque froideur, froideur
calculée qui permettait d’esquiver le contact des indifférents et des
maladroits. Seule lui demeurait une élite qui, attirée par la cor-
rection de l’homme, son grand goût, son fin sentiment de l’art,
mais intimidée par son abord, ne se départit jamais d’une déférence
respectueuse et la manifesta en ne manquant jamais d’accoupler à
son nom le préfixe : Monsieur.
« Monsieur Auguste », — ainsi l’appellera-t-on désormais, —
s’installa rue des Martyrs, 1 1. Dans le même immeuble, se trouvait
l’atelier d’IIorace Vernet qu’il connaissait de longue date et qui
avait, de même que lui, le souci de fashion et la passion des sports
et particulièrement du cheval. Géricault demeurait au 23, mais une
porte pratiquée dans le mur d’un jardin permettait aux trois amis
d’aller directement l’un chez l’autre sans passer par la rue.
M. Auguste rapportait de ses voyages de magnifiques armes
arabes, marocaines, albanaises et persanes, et aussi des étoffes, des
1. V. Gazette des Beaux-Arts, 1910, t. I, p. 441.