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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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Nr. 6
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Adam, Paul: Le symbolisme dans l'oeuvre d'Albert Besnard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0464
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ce personnage aux jarrets frénétiquement pliés dans une contraction
de tout l’être; vol des enfants vers la splendeur d’en haut où les
suit le geste de la mère entraînée par le mâle vers la réalité d’en
bas : toute cette merveille réussie de la forme s’accroît encore par
le prestige que l’idée lui assure.

Ce n’est pas seulement la Matière. C’est la Matière en mouve-
ment. Ou, plutôt, c’est, au gré de la science contemporaine, le Mou-
vement et ses apparences de Matière, puisque les physiciens admettent
que d’innombrables vibrations, séparément imperceptibles, affec-
tent ensemble, et par trillions, nos sens, avec l’aspect du continu
solide : ainsi les vibrations d’une corde tendue nous suggèrent la
surface d’un losange. Près de choisir pour allégorie de la Matière
cette chute d’un couple fécond à travers l’espace, M. Albert Bes-
nard se trouvait en accord avec la plus séduisante hypothèse de son
temps, avec l’hypothèse vérifiée, près d’être tenue pour un dogme.

Admirons que cette chute fait l'essentiel de la composition totale,
et qu’elle semble bien le sujet du décor. Puis, constatons, une fois de
plus, la puissance de l’Esprit pour inspirer au peintre les meilleurs
effets de son génie. Nous invoquerons désormais ce magnifique
exemple contre l’affirmation de ceux qui prétendent ramener l’art
du coloriste à l’adresse d’un ouvrier apposant l’une auprès de
l’autre, sur un tapis ou sur un vase, quelques taches aux valeurs
combinées.

« Peindre, c’est penser en couleurs », impose la maxime forte et
belle de M. Camille Mauclair. Très loin de ceux qui pensent avant de
colorier selon la coutume de l'Ecole, et aussi loin de ceux qui ma-
culent avant de penser selon le goût des impressionnistes naïfs,
M. Albert Besnard accomplit, à la fois, l’œuvre double pour nous
offrir, dans le même éclair, l’émotion sensuelle et l’émotion men-
tale. A la coupole du Petit Palais, la profondeur radieuse obtenue
vers le ciel par l’amoncellement des nues, par l’essor lumineux
des enfants et les gestes brillants de la mère; puis, le plan sombre
du satyre crispé sous l’obscur d’un nuage; enfin, fa fraîcheur des
teintes incorporées aux fleurs de la terre, à la couronne de la
morte verte et pâle : ce sont les causes de la première impression
uniquement favorable aux joies de l’optique.

Pour surprendre l’attention du visiteur par des volutes aux
courbes heureuses et par des couleurs bien mariées dans un ton
général qui les totalise, qui nous suggère, d’abord, la fraîcheur de
l’espace avec la gloire de ses clartés, M. Albert Besnard accomplit
 
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