Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 6.1911)

LE SYMBOLISME

DANS L’ŒUVRE D’ALBERT BESNARD

Offrant à l’œuvre entier de M. Al-
bert Besnard le plus noble des lau-
riers qu’elle décerne, l’Académie des
Beaux-Arts consacra naguère l'effort
d’un peintre digne absolument d’être
classé, par les historiens de la plas-
tique française, sur le rang de Fra-
gonard et de Watteau.

Certes, la série des toiles décora-
tives, des portraits et des tableaux est
nombreuse que signe ce nom illustre ;
et, dans une création multiformer
toujours inspirée par le goût de la
recherche, il importe d’élire les.
chefs-d’œuvre. Au Petit Palais, la
coupole contient l’un, au moins.
On peut le dire incomparable, même
lorsqu’on appelle ses souvenirs d’Italie, de Flandre et de Hollande,
même lorsqu’on évoque les réalisations célèbres des siècles anciens.
Je veux parler du panneau intitulé La Matière. A travers les clartés
de l’espace, la pesanteur entraîne un satyre qui se crispe sur une
femme, mère d’enfants lumineux en essor vers le zénith. Symbole
de l’éternelle fécondité rendant à l’univers ce qu’elle lui emprunta
d’énergies, le couple tombe vers la terre où un cadavre nourrit, do-
sa métamorphose, toute une floraison d’été.

Sobre beauté de la couleur; harmonie des lignes; miracle de la
composition qui sut allonger les distances entre les masses des-
nuages et faire saillir hors de cet ensemble le corps sombre du
satyre comme une sorte de bolide obéissant à sa trajectoire; relief de-

PORTRAIT DE M. ALBERT BESNARD
DESSINÉ PAR LUI-MÊME

VI.

4e PÉRIODE.

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