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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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Nr. 4
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Roger-Marx, Claude: À propos de deux lithographies de M. Le Sidaner
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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0334

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A PROPOS DE

DEUX LITHOGRAPHIES DE M. LE SIDANER

l est des œuvres dont le prestige est d’éveiller en nous de somp-

tueuses visions, d’exalter des richesses inconnues, et de fasci-

ner nos sens. D’autres nous envahissent avec moins de tumulte,
attendent que nous venions à elles, et semblent des miroirs où nous
nous reflétons. Ainsi en va-t-il des compositions de M. Le Sidaner.
Elles imposent les regards les plus respectueux, une admiration qui
se trahit moins par des marques extérieures que par une méditation.

Sa vie même, l’artiste, pour en approfondir le sens, a voulu la
mettre à l’ahri des villes et de leur tumulte. Ce rêve que plus d’un
de nous forma, il eut le courage de le réaliser. S’il échappe, quel-
ques mois l’an, à la petite maison de Gerberoy, qui apparaît si
émouvante par le goût, le travail et l’intimité, c’est afin d’amasser
des souvenirs dont il peuplera sa solitude, et qui renaîtront sur ses
toiles, images transformées et pensives.

Contemplation heureuse, gravité pacifique! Si cet art se plaît
aux jeux de la pénombre, c’est qu’ils sont éminemment propres à la
réflexion, permettent de généraliser en supprimant le détail, l’acci-
dent, tout ce que la minute présente fige, vulgarise. L’heure favo-
rite de M. Le Sidaner est celle du crépuscule. L’ombre qui tombe,
lente, ensevelit les choses, adoucit leurs angles, tempère leurs vio-
lences. Une grande fraternité les unit. Chaque vibration retentit,
plus grave, et l’âme qui contemple sent descendre sur elle la paix
profonde. On dirait que la terre consent à la nuit. D’autres ont
montré des ciels tragiques, des soirs d’épouvante. Ici, ni violences,
ni luttes : une lumière s’allume et veille sur le monde. Non pas de
 
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