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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0186

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BIBLIOGRAPHIE

CANOVA, par Y. Malamani 1

Ganova, c’est un homme du xvme siècle et c’est un Vénitien : c’est tout
dire. Il fut par excellence, plus encore que les maîtres français de cet
âge, plus que Boucher, plus que Clodion, le maître de la volupté. Tout le
passé vénitien, de Giogione à Tiepolo, brûle dans ses veines. Les grandes
cérémonies triomphales de la Venise conquérante du xvi° siècle se sont conti-
nuées dans les fêtes de ce long carnaval qui remplit à Venise tout le xvme siècle
elqui, en peinture, est représenté par les œuvres de Rosalba Carriera, de Longhi,
de Piazzetta, de Guardi, de Tiepolo, par un art tout empreint de sensualisme,
d’où toute force et toute virilité ont disparu.

La beauté delà femme, c’est la grâce, mais celle de l’homme, c’est l’énergie;
et cela le Titien et Tintoret le savaient bien, mais les Vénitiens du xvme ne le
comprennent plus. Jamais, même au temps où les Grecs sculptaient les Gany-
mède, les Adonis et les Cupidon, et où les Romains divinisaient un Antinous,
jamais la nature masculine n’a été vue d’une manière plus efféminée que par
Canova. Qui voit cet art peut comprendre ce que Venise était devenue et pour-
quoi il a suffi d’un souffle pour jeter à terre le vieil empire des Doges.

Tout ce qui pouvait être un caractère de force est absent de l'œuvre de Ganova.
Il n’y avait place dans son âme que pour les sentiments de tendresse et de
douceur, et son biographe a mis très nettement en lumière ces caractères :
« Bonté, mansuétude, religion, amitié, les plus pures vertus de l’homme s’unirent
ensemble et se fondirent chez lui en une œuvre de poésie. » Tout cela est vrai,
mais on aurait de la sorte la définition d’un Fra Angelico, et non celle de Canova.
A tous ces caractères il faut nécessairement en ajouter un autre, celui que nous
venons de signaler et qui est prédominant dans ses œuvres : la sensualité.

La singularité de cette carrière de Canova fut que lui, le petit maître efféminé
de Venise, fut appelé, à un moment de sa vie, à être le sculpteur de l’homme qui

1. Milan, Ulrico Hoepli. Un vol. in-4, xx-310 p. avec 290 grav., dont 51 hors texte.
 
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