Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 6.1911)

(C L’INSPIRATION DU POETE »

PAR NICOLAS POUSSIN

C'est le rameau d'or de Virgile que nul
ne peut trouver ni cueillir, s’il n’est
conduit par la Fatalité.., »

(Lettre de Poussin à M. de Chambrai,
7 mars 1665.)

es délicats de notre temps se plaisent
à médire des musées, qu’ils appellent
les nécropoles de l’art. Ils ne croient
jouir pleinement d’un tableau ou
d’une statue que s’ils découvrent
ces ouvrages dans une obscure cha-
pelle d’église ou, au moins, dans un
lieu dont l’accès soit difficile et
presque interdit à la plupart des
hommes. Puisqu’il est nécessaire de
défendre l’institution des musées,

aucune dialectique ne vaudra l’évidence fournie par la dernière
acquisition du Louvre. Jusqu’à un jour récent, l’admirable tableau
de Poussin qu’on peut voir aujourd’hui dans la galerie du xvnc siècle
était pour nous comme s’il n’existait pas. Peu nombreux, sans
doute, sont ceux qui l’ont vu dams la collection .anglaise à la-
quelle il appartint pendant une centaine d’années1. On n’en con-
naissait aucune reproduction ancienne ou moderne, gravure ou
photographie. Les biographes de Poussin, ses contemporains ou les
nôtres, semblent l’avoir ignoré : Bellori et Félibien au xvue siècle,
comme M. Paul Desjardins de nos jours. Cependant, Smith, à qui
nous devons le seul essai sérieux de catalogue que nous possédions

1. Cette collection, commencée au cours du xvme siècle, fut continuée et
développée à la fin du même siècle par Thomas Hope : elle comprenait, avec les
tableaux, des antiques, entre autres la célèbre statue connue sous le nom A’Athéna
Hope (Michaelis, Ancient marbles in Grcat Britain, p. 279 et suiv.).

4e PÉRIODE.

VI.