Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 6.1911)

(( JUPITER ET ANTIOPE »
OEUVRE DE JEUNESSE DE LOUIS DAVID
ET QUELQUES OEUVRES DU MUSÉE DE SENS

Qu’il plaise aux uns ou qu’il indigne les autres, Louis David
n’en demeure pas moins un rude artiste. C’était l’avis
d’Ingres, c’était aussi celui de Géricault et de Delacroix qui
conserva toute la vie, par devers lui, un de ses portraits. Si tout ne
séduit pas dans la production de David, la plus critiquable de ses
toiles intéressera toujours techniciens et amateurs, car rien de ce
qui est sorti de son crayon ou de son pinceau n’est banal. S’il se
trompa, ce fut en homme de métier. Or, le sien était considérable.
Et puis, il n’y a qu’à constater les fluctuations subies par ses œuvres
pour avoir maintenant, c’est-à-dire un peu tard, quelque prudence
en ce qui le concerne. Par exemple, le Louvre d’aujourd’hui doit
déplorer d’avoir laissé échapper au profit du musée du Mans le
Père Gérard et sa famille et, plus encore, regretter de ne point
posséder le Marat du musée de Rruxelles que n'eût pas mieux
demandé de lui léguer le petit-fils du maître, Jules David. Mais,
Marat au Louvre il y a trente ans! Les temps ont changé. Et c’est
mieux qu’au Louvre qu’est la réplique du célèbre tableau, puis-
qu’elle figure en belle place à Versailles, dans « le palais de nos
rois ». Mais ce n’est là qu’une inférieure doublure comparée à la
crâne peinture du musée de Rruxelles. On a varié sur le tableau;
on variera aussi, j’espère, sur le modèle qui, soit dit en passant, fut
un merveilleux polémiste, habile à tirer parti des événements, mais