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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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Nr. 3
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Saunier, Charles: "Jupiter et Antiope": oeuvre de jeunesse de Louis David et quelques oeuvres du Musée de Sens
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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0273

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JUPITER ET ANTIOPE

DE LOUIS DAVID

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non pas le fou sanguinaire que contre-révolutionnaires et robes-
pierristes se sont plu à enlaidir à l’envi. La conscience des derniers
était, il est vrai, si chargée!

Mais laissons là la Révolution, ses héros et son peintre, quoique
la période 1789-1810, corresponde au meilleur instant du talent de
Louis David, et occupons-nous du David des débuts, du David
disciple de Boucher.

De celui-ci j’ai eu naguère le plaisir de révéler aux lecteurs de
la Gazette des Beaux-Arts une œuvre délicieuse, pleine d’un joli
maniérisme xvine siècle : l’esquisse de la Mort de Sénèque, exécutée
en vue des concours de Rome, pour l’année 1773, et offerte ensuite à
Sedaine1. Voici une loile moins parfaite, moins chatoyante, mais qui
a la fortune d’être plus près encore de Boucher : Jupiter et Antiope.
Elle dut être exécutée aux environs de 1768, c’est-à-dire quelques mois
après l’admission de Louis David aux cours de l’Académie royale
de peinture et de sculpture. Il était alors élève de Vien, mais, si ce
ce n’est, peut-être, dans la ligure de Jupiter dont je parlerai tout à
l’heure, rien ne révèle dans cette toile le sérieux de la composition
que préconisait Vien. L’arrangement, le dessin, la touche, les colo-
rations appartiennent au xvin0 siècle galant. Voyez plutôt : Antiope
étendue en travers de la toile suivant un procédé de composition
facile, très usité alors, se présente dans une attitude propre à faire
valoir les lignes de son corps potelé; une coloration tendre, aux
ombres roses, met au point cette gracieuse ligure couchée sur un
lit de draperies aux plis bien cassés dans lesquels se joue la lu-
mière. Au fond, de la verdure, un arbre tronqué juste à point pour
ménager une éclaircie du ciel bleu; au premier plan, une source.
Le tout est traité dans une couleur aimable, au moyen de teintes
légères, étendues, comme lavées, qui permettent toutes les transpa-
rences. Point de trompe-l'œil, de reliefpuissant, maisune scène traitée
en décor et qui aurait certes fait fort bien, encadrée dans la boise-
rie claire d’un salon ou dans le cadre d’un trumeau. Mais, Jupiter!
ali! chez lui, il y a plus d’accent : du muscle, une peau brûlée, I.

I. Gazette des Beaux-Arts, 1905, t. I, p. 232. Qu’on me permette à cette occa-
sion une tardive rectification. Sedaine avait deux filles : Suzanne et Agathe. Le
portrait que je signalais sous les prénoms Suzanne-Agathe se rapporte à la seconde,
Agathe. Il n’est pas de David, comme je l’avais écrit sur la foi de renseignements
alors incontrôlables, mais de Mlle Guéret jeune, qui l’exposa au Salon de 1793,
sous le n° 474. Mlle Guéret aînée exposait au même Salon, sous le n° 473, le
portrait de Suzanne Sedaine, l’ex-petite personne dont la pétulance fit quelque
peu souffrir Louis David.
 
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