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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0190

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

cieux du xvine siècle, dans le style auquel on donne le nom de « rococo », avec
toute l’agitation, toute la complexité, toute la vie et toute la sensibilité dérivant
de l’art du Bernin. J’ai le souvenir de ravissantes statues dans l’église de l’Annun-
ziata de Naples, cette oeuvre charmante de Vanvitelli, qui fut en architecture un
des créateurs du style classique. J’ai surtout le souvenir de statues dans la ville
de Venise, qui, à ce moment, semble bien vraiment être, en sculpture comme en
peinture, la reine de l’Italie. Les statues de l’église des Scalzi et celles de l’église
des Jésuites ne sont pas indignes de l’époque qui a vu les peintures de Tiepolo,
et, dans une certaine mesure, par leur beauté et leur féminisme, sinon par leur
style, elles expliquent l’apparition de Canova.

Il faut, en art, apporter une attention toute particulière à la date de naissance
des artistes. Il n’y a pas de plus sûr moyen pour les grouper selon leurs affinités
artistiques. Canova est né en 1737. Il vient longtemps après les classiques fran-
çais, après Bouchardon, le véritable créateur du nouveau style (1698-1762), après
Pigalle (1714-1785), Falconet (1716-1791), Pajou (1730-1809), Jullien (1737-1804).
Ces deux derniers maîtres sont ceux qui font prévoir Canova.

Ses vrais contemporains sont Chinard (1756), Cartellier (1757), Chaudet (1763),
mais ces maîtres, ayant vécu en France pendant la période révolutionnaire, sont
plus sévères que lui. Celui qui lui ressemble le plus, et qui parfois est son véri-
table sosie, c’est un peintre, Prud’hon, né la même année que lui. La Psyché, le
Zéphir, VAdonis de Prud’hon, c’est ce qui, dans l’histoire de l’art, se rapproche le
plus étroitement des œuvres de Canova.

Les successeurs de Canova, ceux qui poursuivront son art tout en le modi-
fiant, ce seront, en France, David d’Angers, dont le Philopœmen est de 1816, et
en Italie Vêla, qui, dans son Spavtacus, met ce sentiment de patriotisme, ce
réveil d’énergie, qui manquait si absolument dans l’œuvre de Canova.

Remercions M. Malamani de nous faire connaître, par son beau livre, si riche-
ment illustré, un sculpteur que les plus instruits de nous ne connaissaient qu’in-
complètement. Son ouvrage rappellera l’attention sur un artiste dont on a cessé
de parler depuis si longtemps, qu’on ne saurait dire ce que pense la critique con-
temporaine d'un homme qui mérite mieux qu'une indifférence complaisante ou
une admiration peu raisonnée.

MARCEL REYMOND

Le Gérant : P. Girardot.

PARIS. — TYP. PHILIPPE RENOÜARD.
 
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