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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 6.1911

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https://doi.org/10.11588/diglit.24876#0189

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BIBLIOGRAPHIE

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encore inspirée des œuvres du xvme siècle, on admirait deux jolies figures de
femmes drapées. Dans la tombe plus savante du pape Clément XIII, c’était une
fort belle statue du pape en prières, une figure de Religion trop admirée et le
célèbre Ange de la Mort. A mon sens, son chef-d’œuvre est la tombe de l’archi-
duchesse Marie-Christine, à Vienne, vraiment très profondément humaine, où il
trouve un motif nouveau d’émotion intense, le cortège des femmes s’avançant
vers la tombe pour y déposer les cendres de la morte. Là se trouve ce chef-
d’œuvre qui est le groupe de l’Aveugle, groupe qui le rattache à cette école sen-
timentale dans laquelle un Greuze s’illustrait en France.

A côté de ces grands monuments funéraires, il faut parler de cette ravissante
série de stèles où, sur une pierre unie, surmontée d’un joli fronton légèrement
orné, se détache, en un délicat relief, une figure de femme, tantôt assise, tantôt
agenouillée, tantôt debout, pleurant ou priant, tombes de lapins grande beauté.
Et si, parmi elles, il me fallait choisir, c’est celles du comte et de la comtesse
Mellerio que je désignerais.

A ces œuvres il faut ajouter, comme étant au nombre des plus belles, 1 ’Hëbé de
Forli, 1 ’Adonis et Vénus, la Nymphe gisante et la Vénus sortant du bain; et il faut
faire une place à part à cet Icare où, dès sa premières jeunesse, il avait dit d’une
façon irréprochable tout ce qu’il devait rechercher au cours de sa vie.

M. Malamani a eu l’idée de le comparer à Raphaël, et, les distances étant
gardées, il y a quelque chose de juste dans cette comparaison. Sous la main de
Canova, comme sous celle de Raphaël, tout se transforme en beauté, mais, chez
l’un comme chez l’autre, la recherche d’une beauté idéale, et d’un idéal prove-
nant d’une même source, d’un même souvenir de certains modèles antiques, les
conduit à amollir, à arrondir les contours et à faire disparaître les traits parti-
culiers de la nature, les caractères individuels.

En résumé, Canova a eu au plus haut degré le sens de la beauté. Toute sa vie
a été consacrée à cette recherche ; et cette beauté il l’a trouvée dans l’expression
des sentiments les plus gracieux, dans l’expression de la bonté, de la tendresse,
de la douceur; surtout il l’a vue dans la délicatesse des formes du corps. Et,
comme trait essentiel de son art il faut ajouter sa préoccupation d’imiter la sta-
tuaire antique et de réagir contre certaines tendances de l’art du xvme siècle où
il trouvait trop de réalisme et pas assez de calme et de simplicité.

A la fin du volume de M. Malamani une courte étude est consacrée aux pré-
décesseurs de Canova. Là, il est assez intéressant de voir l’auteur dire que l’esprit
classique s’est formé en France L II est certain que Canova n’a pas créé le nou-
veau style classique et ne l’a représenté que dans sa floraison suprême, et il n’est
pas douteux que, dans la création de cette école, la France a joué un rôle prépon-
dérant. Il eût été intéressant, cependant, de nous dire ce que l’Italie a fait au
xvme siècle. C’est un point sur lequel nous sommes mal renseignés. Avant Canova
je ne me rappelle aucun sculpteur italien que l’on puisse rapprocher de Bou-
chardon, de Falconet ou de Pigalle, qui sont les créateurs du style classique;
j’ai toutefois le souvenir d’avoir vu de très jolies œuvres dans le style pré- 1

1. Dans l’ouvrage de M. Malamani. on lit que le style néo-classique s’est formé en
France « vers le milieu du xvne siècle » ; mais c’est évidemment une faute d’impression
l’auteur a voulu dire vers le milieu du xviii8 siècle.
 
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